Cap à l’Ouest

L’Ouest soulève tout un imaginaire qui va du cinéma à la littérature, de la peinture à la musique, de la géographie à la politique, de l’histoire à la poésie. Un abécédaire subjectif qui invite à la fois à relire des romans de Cormac McCarthy et de Christa Wolf, à découvrir les noms des vents et à revoir Danse avec les loups ou West Side Story, à écouter du Philippe Katerine et à contempler des paysages de Monet.


A comme À 

Comment commencer un abécédaire ? Il faut trouver un équilibre – faire preuve d’une fantaisie sérieuse. Allier la carpe et le lapin, avec un peu d’esprit, partant tous azimuts. Trouver des idées, des associations, ouvrir des pistes, provoquer des envies. Y faire coexister un hétéroclite joyeux. Exemple : partons sur quelque chose d’aussi simple qu’une préposition comme « à » qui établit une relation syntaxique élémentaire… On peut penser, en même temps, à l’expression fort courante « être à l’Ouest » dont l’origine demeure peu claire mais qui donne une tonalité sympathique à notre sujet et au titre du plus célèbre roman d’Erich Maria Remarque, À l’Ouest rien de nouveau. C’est cette simultanéité, une sorte d’esprit d’escalier, qui ordonne une méthode, un esprit, un ton.

B comme Bernstein

Leonard Bernstein a composé la plus célèbre des comédies musicales de tous les temps : West Side Story. Même si au départ la pièce s’intitulait East Side Story – une légère ironie –, son titre saute à l’esprit dès qu’on évoque l’Ouest. Réécriture sociale de Roméo et Juliette, cette pièce musicale fait partie de ces monuments de la culture populaire qui s’incorporent à tous, constituant un terrain référentiel commun. Et même si l’on ne saisit pas – à moins de bien connaître le New York des années 1950 – à quoi renvoie ce « West » (assurément pas le même que les James Bond ou les westerns), il induit un ordre physique qui soutient la fantaisie des imaginations. On n’osera pas faire la liste des morceaux d’anthologie que tout le monde peut fredonner, mais, tout de même, c’est une œuvre qui prend une certaine place. 

Cap à l'Ouest Abécédaire Hugo Pradelle
Dióscoro Puebla, « Premier débarquement de Christophe Colomb en Amérique », 1862 © © CC0 1.0/Wikipedia

C comme Colomb 

Ou de la beauté de l’erreur. Enfin presque. Ou presque pas. Christophe Colomb s’est ainsi trompé en ne se trompant pas. Entendons qu’il avait parfaitement raison sur le principe et pas dans l’application. Qu’il n’avait pas vu venir le grain de sable. Ainsi, il pensait juste contre (presque) tout le monde en affirmant non seulement la rotondité de la terre mais en s’employant à entreprendre le plus célèbre des voyages maritimes. Et il avait tort pour ce qui est du résultat, car il n’arriva jamais aux Indes. Il y avait quelque chose qui s’interposait à l’Ouest et qui occupa notre civilisation pendant fort longtemps. Un voyage, une découverte, une invention, qui marquent notre imaginaire au plus profond, bouleversant une conception du monde, lui attribuant une autre limite, une fin véritable qui remplace ainsi le fantasme et l’inquiétude de l’inconnu. Il y a quelque chose de tragique dans cet achèvement, dans la conclusion de notre plus grande aventure. 

D comme Direction 

Il semble bien souvent pas complètement inutile de se pencher sur les évidences. Ainsi, une des premières choses qui vient à l’esprit quand on pense Ouest… c’est penser l’Est… Il est affaire de relation, d’opposition, de complément. Mais rappelons la relativité consubstantielle de ces deux notions alors que la terre est ronde et que tout point se conçoit en regard de l’une ou l’autre de ces directions, en rapport – essentiel ou circonstanciel – avec l’ordre que l’on adopte, du Ponant ou du Levant. C’est ainsi que l’on situe à partir de soi-même tous les autres, sans vraiment les distinguer ni considérer leur point de vue. Peut-être pas la meilleure des idées pour se diriger lucidement. Mais comme le disait Lao-Tseu : « Trop loin à l’Est, c’est l’Ouest.« 

E comme Elfes 

Dans les livres de Tolkien – depuis Le Hobbit jusqu’au Seigneur des anneaux, en passant par le Silmarilion –, on découvre l’histoire des elfes. On s’abstiendra d’ergoter – faute de compétence – sur leurs noms, leurs mœurs, les légendes auxquelles ils se rattachent ou sur leur langue même. Mais, comme tout lecteur à peu près éveillé, on aura remarqué qu’ils repartent pour Valinor, un mystérieux territoire de l’Ouest. Sans gloser sur le fait que le Mordor se trouve à l’opposé, ni extrapoler quelque interprétation ou quelque valeur, on ne peut s’empêcher de noter dans cet univers inépuisable la valorisation de ce point cardinal. C’est une sorte d’au-delà, d’inconnu, lumineux. 

F comme Fin 

Il y a, au bout du bout du Portugal, ce Cabo da Roca qui, comme Luis de Camões l’écrivait, n’est rien de moins que « l’endroit où la terre s’arrête et où la mer commence ». C’est, comme l’avaient baptisé les Romains, le promontorium magnum. L’achèvement granitique des montagnes de Sintra. La fin de l’Occident. On touche alors à la limite d’un continent, au terme d’un imaginaire, à un point de terre qui entre dans un océan immense qui, si longtemps, s’apparentera à un infini, à une menace. On attendit 1772 pour y ériger un phare, celui qui ouvre notre occident. 

Cap à l'Ouest Abécédaire Hugo Pradelle
Les fusillades de Nantes, aquarelle de Béricourt, 1793 © CC0 1.0/BnF/Wikipedia

G comme Guerre 

On a quelque tendance à oublier, à mettre sous le boisseau, les guerres de Vendée. Soit parce qu’une droite plus que radicale et quelques réactionnaires n’ont de cesse de se les approprier à tort et d’en gommer la complexité, soit que l’histoire de la Révolution ennuie un peu désormais et qu’on en conserve uniquement quelques moments saillants bien aisés à dénaturer, mais c’est une évidence qu’on a un peu effacé cette sorte d’acmé d’un conflit intérieur français qui continue de nous hanter. Elles ont défini un rapport géographique et politique, des imaginaires politiques, configuré des mémoires. On relira surtout, avec le plus de lucidité possible, Les compagnons de Jéhu de Dumas, Les chouans de Balzac, ou encore le superbe Quatrevingt-treize de Hugo

H comme Hémisphère 

Les Européens découpent le monde en hémisphères Nord et Sud. Une grande partie de l’ordre du monde est figurée, distinguée, par cette séparation entre ces deux directions. On aurait tendance à ne jamais les discuter, à évaluer le réel au gré d’une lisibilité qui paraît évidente. Et pourtant, cette conception n’est pas partagée par tous. Ainsi, on conçoit aussi des hémisphère Est et Ouest. Il suffit d’entendre une diatribe dans un film états-unien pour se convaincre qui sont les ennemis.

I comme Imentèt 

Il faut bien le dire, les anciens Égyptiens avaient une divinité pour presque tout. Toujours pratique pour combler une lettre dans un abécédaire ou apprendre quelque chose et mourir moins idiot. Donc, la déesse de l’Occident se nomme Imentèt. Nombre d’entre nous n’en auront jamais entendu parler. On la découvre, élancée, la tête surmontée d’un faucon, parfois d’une simple plume, elle préside souvent au séjour des morts, permettant leur passage. Étonnant, non ? 

J comme Journal

On sait le dynamisme de la presse régionale. Il y a un journal qui compte plus de deux millions de lecteurs et tire à plus de 600 000 exemplaires : Ouest-France. Créé en août 1944 après l’interdiction de Ouest-Éclair pour cause de collaboration, il est édité à Rennes et coûte 1,45 €.

K comme Krasznahorkai

Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par les chemins, à l’est par un cours d’eau – voilà le titre assez fascinant d’un roman extraordinairement curieux du grand écrivain hongrois Lászlo Krasznahorkai. Atypique, il s’agit d’une sorte de conte inspiré de légendes japonaises, de la figure du prince Genji et de rituels liés au jardin japonais. Il ordonne une partition du récit qui obéit à celle des points cardinaux mais qui adopte des valeurs tout à fait étrangères à la conception occidentale. C’est un texte qui propose, au sens premier, un détour. On y perçoit une étrangeté, un désarçonnement, une énigme qui trouble et semble se rejouer sans fin. 

L comme Lied

Qu’y a-t-il de plus beau que les Quatre derniers lieder de Richard Strauss ? Je ne sais, mais on est ici à la pointe de l’art lyrique. Et si l’on ne tranchera pas ici entre les interprétations de Jessye Norman et de Gundula Janowitz, il faut écouter l’ultime de ces pièces qui nous invite à la profondeur du soleil couchant, à l’extrémité de la disparition, et de la mort, peut-être, probablement. On entend : « Ist dies etwa der Tod » : fa dièse, fa dièse, la, la, si bémol, do bémol. La réponse n’existe peut-être tout simplement pas. 

Cap à l'Ouest Abécédaire Hugo Pradelle
Louis Armstrong en 1953 © CC0 1.0/Library of Congress/Wikipedia

M comme Musique 

De Go West des Pet Shop Boys, West End Blues de Louis Armstrong à Into the West d’Annie Lennox, Nouveau Western de MC Solaar, West Coast de Lana Del Rey jusqu’à Dans les plaines du Far West d’Yves Montand et Rouler vers l’Ouest de Johnny Hallyday, en passant par les Village People, Cool & The Gang, Boney M, Led Zeppelin, les Rolling Stones et le rigolo Total à l’Ouest de Philippe Katerine… Quelques tubes comme ça, un peu en désordre, auxquels chacun ajoutera les siens… 

N comme Nom

Quelque peu parodique de l’invention de titre de Proust, cette entrée propose le grand questionnement, l’instabilité du crépuscule, de la fin du jour, du basculement, de ce qu’il ordonne de nos angoisses, de notre condition. L’Ouest relève d’un achèvement impossible, d’une sorte d’illusoire ailleurs, d’un infini, d’un mystère qui attire. Et comment le dire mieux que Victor Hugo ? 

De quel nom te nommer, heure trouble où nous sommes ?
Tous les fronts sont baignés de livides sueurs.
Dans les hauteurs du ciel et dans le cœur des hommes
Les ténèbres partout se mêlent aux lueurs.

Croyances, passions, désespoir, espérances,
Rien n’est dans le grand jour et rien n’est dans la nuit ;
Et le monde, sur qui flottent les apparences,
Est à demi couvert d’une ombre où tout reluit.

Le bruit que fait cette ombre assourdit la pensée.
Tout s’y mêle
 […] 


Car dans ce siècle, en proie aux sourires moqueurs,
Toute conviction en peu d’instants dépose
Le doute, lie affreuse, au fond de tous les cœurs !

Et de ces bruits divers, redoutable ou propice,
Sort l’étrange chanson que chante sans flambeau
Cette époque en travail, fossoyeur ou nourrice,
Qui prépare une crèche ou qui creuse un tombeau !

O comme Orientation 

Comment parler de l’Ouest sans s’interroger sur notre manière de nous orienter dans l’espace, de connaître les outils qui nous le permettent. De la boussole à la rose des vents, en passant par les portulans, les cartes, les globes, les géographies se figurent de moult manières. Pour nous permettre d’accéder à ce qu’on ne connaît pas – la direction – et à ce que l’on croit savoir – la situation – et ordonner un mouvement, un déplacement. Comme on a tenté de toujours mieux saisir le temps, nous avons fait de même pour l’espace. C’est une affaire d’une infinie précision. De la feuille et l’aiguille au GPS, on réinvente sans fin les moyens de savoir où nous sommes et où nous allons. 

P comme Passage  

Les rêves sont infinis et partout. Même en géographie. Il en va ainsi du Passage du Nord-Ouest. Nous n’allons pas ici expliquer précisément ce qu’est cet espace maritime arctique et ce qui s’y joue. Non pas. Faisons un pas de côté plutôt et souvenons-nous d’une des très belles aventures éditoriales de ces dernières années : la création en 2002 de la très improbable et formidable maison d’édition Passage du Nord-Ouest. Jusqu’en 2015, on a pu y découvrir des textes fascinants. Singulièrement, ceux issus du monde hispanique avec Juan Benet, Sergio Chefjec, Enrique Vila-Matas, Juan Villoro, Sergio González Rodríguez, Sergio Pitol, Juan Francisco Ferré, Rodrigo Fresán, Mario Bellatin, Augusto Monterro ou Guillermo Cabrera Infante… C’est tout un continent d’écrivains dans lequel il faut indubitablement s’égarer. 

Q comme Quatre-vingts 

J’ai toujours eu quelques soucis avec la logique. Enfant, les problèmes les plus simples me plongeaient dans des abîmes de perplexité. Un peu à l’instar de Delphine et Marinette dans Les contes du chat perché de Marcel Aymé qui comptent vraiment les arbres plutôt que de concevoir le principe du calcul abstrait. Il faut dire qu’il y a belle lurette qu’il existe une concurrence entre l’idée et le réel. Certains y trouvent l’usage poétique d’une stupeur ou d’un entendement. Bref, quel rapport avec le tour – si ce n’est qu’il lui faut un sens, une direction, une ellipse –, se dira-t-on. Eh bien, revenons au souvenir d’une autre lecture d’enfance : Jules Verne. Ainsi, dans son Tour du monde en quatre-vingts jours, Phileas Fogg parvient à l’exploit car il passe par l’Est et non par l’Ouest pour gagner le temps nécessaire. Voilà qui ne laisse pas de prolonger ma perplexité enfantine et la difficulté effarante que je rencontrais à ce jeu sur l’orientation, et qui me bouleverse par le saugrenu d’une pensée logique qui, décidément, n’en finit pas de m’échapper. 

R comme Rome 

Dans leur très grande majorité, les églises obéissent à une orientation Est-Ouest. Avec une entrée à l’Ouest et un autel orienté vers l’Est. On y entend l’Orient originel, le retour vers une origine, une idéalité probablement. C’est de cette conception que provient le terme même d’orientation. Mais notons, avec quelque étonnement novice, que trois des basiliques romaines – Saint-Pierre, Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie-Majeure –, parmi les plus célèbres du monde, sont édifiées à l’inverse. Cette disposition (il faut dire que, depuis le XVIe siècle, elle est facultative) serait-elle une distinction ? On y entendra en tout cas une règle sans règle, une sorte d’usage. On n’en perdra pas le Nord. 

Félix Vallotton « Soleil couchant » (1913) © CC0 1.0/Wikipedia

S comme Soleil 

« Vent d’hiver / Qui précipite dans la mer / Le soleil couchant ». Un haïku de Sōseki qui synthétise un mouvement astral, une légende du paysage, un archétype. Ainsi, on peint cette scène du soleil qui se couche – quelle merveilleuse expression ! – depuis toujours, y revenant, fascinés par une fausse disparition, quelque chose qui se rejoue et transforme la nature même de la couleur. « L’azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu’au soleil couchant le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu », lit-on dans Une histoire de bleu de Jean-Michel Maulpoix. Cette scène archétypique hante notre mémoire, y imprime des images. On pense aux paysages innombrables de Monet, peut-être parmi les plus forts, aux séries de crépuscules de Turner, aux paysages de Caspar David Friedrich, jusqu’aux scènes du Havre d’Eugène Boudin ou celles, nettes, de Félix Vallotton. On éprouve sans fin des émotions puissantes en se plongeant dans les sublimes paysages crépusculaires d’Emil Nolde ou de Van Gogh, en contemplant le chemin de fer au soleil couchant de Nicolas de Staël, une toile de Rothko aussi, tout ce qui relève de l’éclatement ou de la dispersion de la lumière, quelque chose qui ordonne une fin, un recommencement, tous nous nous constituons un musée intérieur, une mémoire picturale qui fait se rejouer une infinité d’images qui semblent nous faire signe. 

T comme Télévision  

La télévision n’est guère avare de feuilletons affligeants qui repassent sans cesse. On se souvient tous de classiques du soap opera télévisuels comme Santa Barbara ou Dallas diffusés ad nauseam. On a un peu plus oublié Côte Ouestspin off de la saga consacrée à la plus que nantie et non moins grotesque famille Ewing et qui compte – excusez du peu – 344 épisodes. Toutes ces séries, sans grand recul ou ironie, notons-le, se déroulent dans l’Ouest des États-Unis, comme pour prolonger une sorte de mythologie un peu univoque du succès. C’est qu’on n’en finit jamais de rabâcher, probablement. 

U comme URSS 

En 1946, Winston Churchill affirmait : « Un rideau de fer est descendu à travers le continent. » Et de ce constat a procédé le paradigme politique qui a structuré le monde de la fin de la Seconde Guerre jusqu’à la fin du siècle dernier. D’un côté l’Ouest, de l’autre l’Est, chacun déployant les arguments d’une puissance en regard de l’autre. Rapport duel entre les États-Unis et l’URSS qui a structuré les imaginaires politiques et inquiété le monde entier. On ne compte plus les conflits, les crises – des missiles de Cuba ou de Berlin à la guerre des étoiles de Reagan – qui nous firent trembler. Ces rapports entres les blocs de l’Est et de l’Ouest habitent la littérature et les écrivains. Des romans d’espionnage de John le Carré, Ken Follett ou Robert Littell aux textes de la dissidence soviétique, se sont élaborés des rapports culturels, des circulations d’idées ou de représentations qui durent encore. Lisons ainsi le recueil d’Elisabeth Lesne, Filles de l’Est, femmes de l’Ouest, les entretiens de Luba Jurgenson et Léonid Guirchovitch qui viennent de paraître, des livres de Christoph Hein, Volker Braun, Christa Wolf, Max Frisch, Durs Grubein, le formidable Toute une histoire de Günter Grass ou l’extraordinaire La fin de l’homme rouge de Svetlana Alexievitch. Ces enjeux de pouvoir, les représentations et les conséquences politiques et morales, sont toujours bien présents, il suffit d’ouvrir un journal pour s’en convaincre. Alors essayons d’en faire quelque chose.

V comme Vent

Les vents d’Ouest dominent. Oui, ils fondent le régime dominant des vents qui préfèrent souffler d’Ouest en Est. Et avec une prédominance inverse du Sud et Nord en fonction de l’hémisphère où l’on se trouve. On les appelle aussi des contre-alizés. Et les plus puissants surgissent des fameux quarantièmes rugissants. Ce sont eux qui entraînent les courants océaniques chauds vers le Nord et forment le Gulf Stream. Ne résistons pas à nommer quelques vents qui proviennent de l’Ouest, pour connaître mieux la nature, mais pour aussi jouir de leurs noms – Albe, Zéphir, Tramontane, Cierzo, Cers, Galerne, Traverse, Poniente, Mistral, Eissaure, Ponant, Ardênne, Libeccio, Noroît, Nordé… 

W comme Wild Wild West 

Passer par le titre d’une des séries les plus célèbres des années 1960 relève un peu, avouons-le, du mauvais esprit ou de la provocation. Mais c’est un si gros morceau que l’imaginaire de l’Ouest américain, des cow-boys, des Indiens, d’une sorte de mythologie qui relève d’une dramaturgie nationale, d’une spectacularisation permanente de l’histoire, d’un jeu entre la fiction et le réel. Et là, tout jaillit… Des films, des visages, des musiques… Et c’est parfaitement énorme et subjectif. On pense, tout à la fois, à Buffalo Bill et Géronimo, aux chantiers du chemin de fer et aux attaques de diligences, à Ennio Morricone et Sergio Leone en même temps qu’à John Ford et Marlon Brando, à Brokeback Moutain et aux séries Westworld, Hell on Wheels ou Deadwood… On se souvient de Clint Eastwood et de John Wayne, de Danse avec les loups et de L’homme des vallées perdues, de Wyatt Earp et de Jesse James, de Leonardo DiCaprio dans Mort ou vif, de Dustin Hoffman dans Little Big Man, de Lucky Luke dans le couchant, des frères Dalton, de Calamity Jane et des sept mercenaires… On repense à des lectures de Cormac McCarthy, Robert Coover, Pete Dexter, Céline Minard ou Charles Portis… On réalise comment cet imaginaire de l’Ouest américain, ce qu’il charrie, nous habite et configure la lecture légendaire et faussée d’une nation et de valeurs qui dominent le monde.

X comme Xi’an

Capitale de la province du Shaanxi, son nom signifie « Paix-de-l’Ouest », elle abrite plus de huit millions d’habitants. On la considère comme la porte Ouest de la Route de la soie du point de vue chinois. Elle se trouve au centre du considérable programme de développement de l’Ouest lancé par le gouvernement chinois en l’an 2000. 

Y comme Yukon

Territoire le plus à l’Ouest du Canada. Qu’on ne connaît quasiment qu’à cause de la ruée vers l’or du Klondike à la fin du XIXe siècle. Enfin presque. Car les lecteurs ne peuvent oublier les célèbres livres de Jack London comme L’appel du monde sauvageLe fils du loupLe silence blanc, ou bien encore le célébrissime Croc-Blanc. On y fait l’expérience ultime de la nature, de la grandeur du monde sauvage…

Z comme Zorro

Douglas Fairbanks, Tyrone Powell, Guy Williams, Guy Stockwell, Alain Delon, Frank Langella, Duncan Regehr, Antonio Banderas, Anthony Hopkins, Miguel Bernardeau et même Jean Dujardin… Tous ces acteurs on joué le personnage mythique de Zorro. Figure masquée et héroïque qui lutte contre l’injustice dans la Californie de Santa Ana, celui que l’on appelait « le Colomb de l’Ouest ».

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