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Journal de la littérature, des idées et des arts – 25/09 – 08/10 2024

En attendant Nadeau

Mahamat-Saleh Haroun, Ma grand-mère était un homme
Abéché, Tchad © CC-BY-SA-3.0/Dans/WikiCommons

La force des béliers

Dans Ma grand-mère était un homme, Mahamat-Saleh Haroun, cinéaste et écrivain, retrace magnifiquement le combat inébranlable d’une femme tchadienne pour demeurer libre. Un livre qui allie fiction et documentaire avec une originalité efficace.

Éditorial

Regards critiques

Comment garder son regard critique ? Comme la vue baisse avec l’âge, on pourrait penser que l’acuité devant la littérature, les idées et les arts s’émousse au fil du temps. Que l’habitude engourdit l’effort à fournir pour maintenir sa curiosité aux aguets, son goût disponible au changement, ses convictions ouvertes à la discussion. Chaque numéro d’EaN pose certes la question indirectement. Celui-là s’en préoccupe un peu plus encore, notamment — mais pas seulement — en prenant quelques francs partis esthétiques.

Sommaire

Aurélien Bellanger
Les derniers jours du Parti socialiste
par Ulysse Baratin
James Ellroy
Les enchanteurs
par Steven Sampson
HOMMAGE
Michel Plon
Michel Plon (2010) © Leneide Duarte-Plon

Michel Plon, les jeux de la psychanalyse

Notre ami et collaborateur Michel Plon nous a quittés au milieu de l’été, le 6 août, à l’âge de 84 ans. Comme notre journal, la psychanalyse française aura été marquée par le passage de cet esprit éclectique et malicieux. Le psychanalyste Bertrand Ogilvie lui rend hommage en retraçant son parcours intellectuel.
Teresa Moure, La morelle noire
« Morelle noire », Emile Gadeceau (Détail)(1914) © Gallica/BnF

Fiction-panier

À partir de la célèbre idylle intellectuelle entre Descartes et Christine de Suède, Teresa Moure parvient à raconter une histoire des marges : celle d’une lignée de « sorcières » pourvues des armes du langage et des plantes.
Pierre Ducrozet | Autoportrait sans moi
Disparition © CC-BY-2.0/Sasha Kargaltsev/Flickr

Lignes de fuite

Autoportrait sans moi s’impose comme une autobiographie tout à fait différente des autres. Paradoxal et déroutant, stylistiquement inventif, ce livre de Pierre Ducrozet décentre absolument l’écriture de soi. 
Colm Tóibín , Long Island
« Interstate 495 » – New York (Long Island Expressway) © CC-BY-4.0/Dougtone/Flickr

Colm Tóibín : l’art de la suite

Vingt ans après, Colm Tóibín donne une suite inattendue et particulièrement subtile à son célèbre Brooklyn. On reste pantois d’admiration devant la virtuosité et l’originalité d’un roman qui continue une œuvre sans se répéter.  
Gregory Delaplace, Les Voix des fantômes. Quand débordent les morts
Lancement de « billets de l’enfer » au festival des fantômes (Indonésie) © CC-BY-SA-4.0/Albert Ivan Damanik/WikiCommons

La compagnie des spectres

Avec La voix des fantômes, Grégory Delaplace poursuit une entreprise intellectuelle de grande ampleur sur les fantômes, leur place dans nos vies. Audacieux et érudit, son livre ouvre des chantiers passionnants pour l’esprit.
Patricia Grace, Cousines Safiya Sinclair, Dire Babylone Bell looks noir d'os
« Autoportrait en rouge », Paula Rego (1962) © CC-BY-4.0/Pedro Ribeiro Simões/Flickr

Décaler le destin

Deux récits autobiographiques de bell hooks et de Safiya Sinclair, ainsi qu’un roman de Patricia Grace, nous invitent à réfléchir à la place donnée aux femmes et à la façon dont elles s’inscrivent ou non dans un destin souvent tracé pour elles.
bell hooks | Sororité. Guérir des blessures psychiques infligées par la domination
bell hooks (1980) © Anthony Barboza/Getty Images

La couleur de la guérison

Dans un essai de 1993 traduit aujourd’hui, bell hooks défend que les femmes noires pourront guérir de leurs angoisses en tissant un lien entre auto-guérison et résistance politique collective. Traversé par une spiritualité salvatrice, Sororité ne manque pas de surprendre.
La Biennale de Venise Alessandra Ferrin Lauren Halsey
« Gardiennes de la couronne », Lauren Halsey (2024) © La Biennale de Venise

Étrangers à Venise

La soixantième édition de la Biennale de Venise est portée par cette formule : « Étrangers partout ». Comment mieux résonner avec le monde présent, ses angoisses, ses politiques et nous aider à sentir et penser autrement ?

Le vent dans les vers

Le poète Jacques Réda semble renouer avec sa veine fantasque avec ses Leçons de l’arbre et du vent. L’idée réjouit, la réalisation moins.

Et l’on danse

Jacques Réda dit son amour du jazz, d’une musique vivante, libre, anticonformiste. Il l’aborde en poète, en explore les arcanes et les mystères, en donne le goût.

Le vers n’est pas naturel

Jacques Réda publie un essai sur l’histoire et l’avenir de la poésie en français, et en particulier de son vers. Gérard Noiret s’étonne que l’histoire du vers qu’il entreprend se prétende « naturelle ».

La garde meurt et ne se rend pas

L’indispensable manuel littéraire de Jacques Réda est engagé, ludique, passionnant, mais certains de ses choix ne peuvent qu’irriter, voire outrager.
Aurélien Bellanger | Les derniers jours du Parti socialiste .
Rose sous cloche © CC-BY-4.0/bixentro/Flickr

Roman à clés, ou roman Sciences Po ?

Avec Les derniers jours du Parti socialiste, Aurélien Bellanger signe un roman ambitieux qui a tout d’un ratage, mais pour des raisons qui ne sont pas sans intérêt. Un livre « de gauche » entièrement bâti sur des personnages « de droite » et sur leurs discours.
James Ellroy, Les Enchanteurs
James Ellroy (2019) © Jean-Luc Bertini

James Ellroy : « A mes 12 ans, J.F.K. est devenu le monde entier »

Avec Les enchanteurs, James Ellroy poursuit son grand projet : mettre en fiction les Kennedy et leur époque, c’est-à-dire son adolescence. Conversation avec l’écrivain qui évoque la genèse de ses trilogies, la place des deux frères et de Marylin Monroe dans son imaginaire, l’influence du roman populaire et même sa première psychanalyse.