Hugo Pradelle

Un temps insouciant

Vivant en France depuis les lois anti-LGBT en Russie, Sergueï Shikalov a écrit en français un premier roman fort sur cet exil et les années de liberté qui l'ont précédé. Dans une prose d’une grande simplicité, il dépasse sa propre existence pour se faire le cartographe sensible des mouvements du temps et le chroniqueur d’un monde devenu presque irréel.

L’œuvre à nu

Si l’on retrouve dans les deux derniers romans de Russell Banks tous ses thèmes habituels, ils sont mis en scène dans des récits incroyablement composés qui interrogent l’écrivain sur ce qu’il est et ce qu’il peut. Testamentaires, distanciés, réflexifs, ardus, ils parachèvent une œuvre lucide et courageuse.

L’extase du pays natal

Dans Arpenté, Alain Freudiger raconte les territoires minuscules de son enfance. Avec une grande économie de moyens, il explore une géographie fondatrice, les expériences qui y prennent corps et confie l'illumination de la découverte de soi-même, de ses origines, de ses limites. Il se dégage de ce récit précis et touchant une sorte d'extase et de jouissance à être, tout simplement. 

Homo americanus

Richard Yates est sans doute l’un des écrivains les plus lucides et les plus impitoyables de la seconde moitié du vingtième siècle. Si le seul de ses romans qui n'avait pas encore été traduit en français, Jeunes cœurs éprouvés, n'est pas sa plus grande réussite, il permet de mettre en perspective les thèmes, les structures et les mécanismes de toute son œuvre.

L’écriture est un deuil impossible

Dans son deuxième recueil poétique, Ocean Vuong, avec une inventivité formelle stupéfiante, rassemble les morceaux de son existence, entreprend l’impossible deuil de sa mère et fait, finalement, un bouleversant apprentissage de la liberté.

Le roman du 24 avril

Au jour dit, de Jacques-Henri Michot, est à la fois un catalogue et une compilation fascinante d’archives, mais c'est surtout un livre fort sur la composition du récit, le rapport de la littérature au réel, et une méditation sur la mémoire elle-même, qui se lit comme un roman sans fin.

Déambulations poétiques

Plus que pour tout autre champ littéraire, les revues sont vitales pour la poésie, elles constituent des lieux d'expérimentations et de rencontres. Hugo Pradelle nous propose une promenade à travers quelques-unes d'entre elles.

Un magnifique canard boiteux

Nous lisons La troisième main d'Arthur Dreyfus dans une forme de stupeur paralysante, emportés par une langue, un rythme, une sorte de furie fictionnelle qui, quels que soient ses défauts, nous immerge dans un univers étrange et décalé.

La vie spéculative

Sous les dehors d’un « questionnaire existentiel » d’une grande drôlerie, Charly Delwart parvient dans Que ferais-je à ma place ?, comme dans Databiographie paru en 2019, à interroger nos existences, la manière dont on les conçoit et ce que parler de soi veut dire aujourd’hui.

La parole fantomatique

Le vieil incendie d’Élisa Shua Dusapin permet de penser l'indétermination, la dissolution de l'identité, ou pour le moins son trouble, avec une douceur angoissée qui habitera longtemps le lecteur ou la lectrice.