Avec Isabelle Sauvage

Refuges de la poésie

Créées en 2008, les éditions Isabelle Sauvage ont très vite attiré l’attention. L’aventure a démarré avec la collection « Présent (im)parfait », désormais riche d’une quarantaine de titres. Avoir perdu durant la pandémie près de 40 % de ses ventes n’empêche pas cette maison d’édition de présenter quatre nouveautés. Laurine Rousselet, qui compte parmi les poétesses les plus inventives du moment, y a publié Journal de l’attente, Nuit témoin et Ruine balance. Nous lui avons demandé de parler de ses rapports avec Isabelle Sauvage et de son travail. Ce qu’elle a fait en quatre touches.


Christine Caillon, Où je coule. Isabelle Sauvage, 86 p., 14 €

Cyril Laucournet, Dis solution, maman, dis. Isabelle Sauvage, 80 p., 14 €

Ian Monk, PQR (poèmes quotidiens rennais). Isabelle Sauvage, 86 p., 14 €

Nathalie B. Plon, Faire le mort et aboyer. Isabelle Sauvage, 82 p., 14 €


1. J’ai rencontré Isabelle Sauvage au salon du livre d’artiste contemporain Page(s), en 2010. Je lisais alors ses titres : De la contemplation de la page blanche de Jacques Roman et Yves Picquet, Les sept mantras de la box de Franck André Jamme. J’habitais Brest, elle les monts d’Arrée. Vivre dans la même région a donc aussi permis le lien. J’ai écrit Journal de l’attente en 2011. Naturellement, j’ai pensé aux éditions Isabelle Sauvage pour Tout présent. Je me souviens qu’elle m’avait annoncé la parution future du recueil dans un café à Douarnenez, c’était en 2012. Avec Isabelle, l’entente a toujours été aussi profonde que légère, aérienne, lumineuse, comme si le caché rencontrait le lieu du dévoilement. Il s’agit d’une relation de confiance indissociable de la transparence.

Spécial Poésie : Isabelle Sauvage en quatre touches

« mon jour est dans la poésie

comme la révolte dans le privilège

souffler ou frapper l’heure

la décrocher pour l’emporter »

(Journal de l’attente)

2. La poésie transforme continûment le réel. Car l’écriture est l’inséparable, inséparable d’un vivre-écrire. C’est le lieu des relations entre la vie et le langage qui sont l’affaire du sujet… Si la poésie creuse des devenirs, elle a aussi un devoir d’histoire… La présence du poète est à l’éternel… Dans mon cas, courir va évidemment plus vite que la vie, la mort…

3. Depuis le début de la pandémie, Isabelle Sauvage ne ralentit pas sa production mais avance à l’aveugle : aucune possibilité de rencontrer le public. L’alternative du « click and collect » des libraires n’a pas eu d’incidence positive pour elle.

Spécial Poésie : Isabelle Sauvage en quatre touches

4. Je suis en route vers des projets interdisciplinaires, c’est-à-dire que je cherche d’autres présences avec visage, des figures de l’altérité. J’ai créé deux performances : Immersion, avec le danseur Vincent Chaillet et deux musiciens, les compositeurs Émile Biayenda et Didier Frébœuf ; Émergence, avec la danseuse Sara Orselli, création sonore Jean-Jacques Palix. Je traverse ce temps de la pandémie en faisant corps avec l’espace et l’air que je respire (des déplacements sont annulés). J’épouse la chance de beaucoup lire (actuellement Ruines bien rangées d’Hélène Cixous) et d’écouter (à l’instant le maître du ney, Kudsi Ergüner). Je travaille à la relecture de ma correspondance avec Bernard Noël… l’émotion qui permet de converser et de méditer avec la réédition de ma première prose, L’été de la trente et unième, au mois d’avril, avec des dessins de Lydie Arickx.

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