Rencontre avec Patrick Lapeyre

Le mardi 9 février 2016, à l’occasion de la parution de La splendeur dans l’herbe, Patrick Lapeyre s’entretenait avec Norbert Czarny, collaborateur d’En attendant Nadeau.


Patrick Lapeyre, La splendeur dans l’herbe. P.O.L, 384 p., 19,80 €


« Dans le calme absolu qui les enveloppait, on entendait très loin un avion bourdonner au-dessus de la forêt… C’était l’heure de la splendeur dans l’herbe, où les merles venaient prendre leur bain de soleil sur la pelouse. » C’est un passage du roman, dans son premier tiers. Homer et Sybil sont dans un jardin, celui dans lequel il la retrouve. Tous deux y parlent, de tout et de rien, dans une conversation qui pourrait ne jamais finir et qui précède ou annonce le moment amoureux qui viendra, mais bien plus tard. Ils ont été quittés : lui par Emma, elle par Giovanni. Et plutôt que de ressasser, que de souffrir, ils racontent, échangent.

Une seconde ligne du roman, ligne au sens musical, met en scène Homer, alors âgé de dix ans, trente ans auparavant. Sa mère, Ana, est une rêveuse, peu adaptée aux exigences de ce monde. Le monde qu’incarne Arno, père de Homer, ingénieur suisse, rigoureux, froid et lointain. Ils vivent à Bâle et Ana n’y trouvera jamais sa place ; elle vient d’un bourg de campagne, en Alsace, elle est issue d’un milieu pauvre et entre son mari et elle, le désamour prend toute la place.

Le roman de Patrick Lapeyre tient sa beauté de l’apparente insignifiance de son intrigue. On suit le couple qui se forme, on perçoit les échos d’un amour qui se dissout, mais entre les deux trames, le lien n’est pas de cause à effet : chaque lecteur établit les liens et aucune lecture n’est la bonne (ou la mauvaise). On lit peu de romans avec le sentiment d’une telle liberté.

Nous remercions Anne Ghisoli de la librairie Gallimard boulevard Raspail, à Paris, et Jean-Paul Hirsch, des éditions P.O.L., qui a filmé et monté cet entretien, pour leur aide gracieuse.


Crédit pour la photo à la une : © Hélène Bamberger

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