Pages blanches
Durant l’année blanche, au gré d’événements souvent oppressants, nous avons été forcés de modifier nos vies, d’exister dans une forme de distance parfois compliquée, dans une solitude pesante. Pourtant, l’équipe d’En attendant Nadeau s’est employée, avec constance, à partager des lectures, à penser notre présent, nos urgences, par le biais des livres, des idées, des images, des voix qui nous touchent, à trouver des moyens intérieurs pour tenir bon, ensemble.
Pourquoi ne pas, dans ce temps de latence, tenter de nous libérer d’incertitudes pesantes par l’imagination. Nous vous invitons ainsi à explorer en cinq épisodes – chaque mercredi du 14 juillet au 11 août 2021 – le thème du « blanc ».
Sujet vaste et stimulant qui provoque des associations infinies, ouvre des champs d’une grande diversité et accorde une vive liberté de ton. De l’histoire culturelle à la poésie, du politique aux arts plastiques, en passant par le cinéma, la psychanalyse, la philosophie ou la géographie, nous partageons des manières d’envisager cette couleur qui n’en est pas une, d’en explorer les correspondances.
Depuis le vin blanc jusqu’aux Russes blancs, des théories d’Alfred Tarski aux flottements de Kawabata, de la lecture blanche au cinéma de Douglas Sirk, en passant par la Grèce, la peinture de Ryman, Malevitch, Malaval ou Giacometti, les univers de Lovecraft, Poe et Verne, du Mont-Blanc à la salle des cartes du Rivages des Syrtes… toute l’équipe d’EaN s’est saisie, au gré d’envies, d’idées ou de savoirs, d’un petit morceau d’une constellation intellectuelle et sensible qui, par nature, paraît infinie.
Nous avons conçu un numéro pluriel et vif. Laissant libre cours à une grande liberté de tons, d’interventions, acceptant les manques et les blancs qu’on y trouvera évidemment, assumant une subjectivité et une fantaisie qui, nous l’espérons, seront revigorantes. C’est ce désir de liberté et d’audace qui nous ont poussé à accueillir dans ce numéro estival des artistes qui se saisissent, avec leurs moyens propres, de ce blanc mystérieux et polysémique.
Chaque semaine, vous pourrez ainsi découvrir un diaporama inédit de photographies – de Claude Belime, Patrick Bogner, Stéphane Spach, Thierry Girard et Jean-Luc Bertini – qui travaillent diversement le blanc, ainsi que des textes libres d’écrivains contemporains qui, au gré de leurs univers, nous entraînent dans de superbes aventures fictionnelles autour du blanc.
Alors, plongeons ensemble dans ce labyrinthe blanc, avec une certaine joie, le même désir de penser et de relier ensemble des idées, des images, des langues, des savoirs, avec le même délice vaguement inquiet qui nous saisit face à de belles pages blanches !
Hugo Pradelle