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Journal de la littérature, des idées et des arts 13/12 – 26/12 2023
En attendant Nadeau
Des jeux et des lieux
Georges Perec a toujours mis le jeu au centre de son œuvre. Reprenant trois volumes parus indépendamment, ce dernier inédit se lit un crayon à la main, activement, le lecteur s’y faisant co-producteur du livre. Des rébus, anagrammes, mots croisés ardus et autre suites arithmétiques retors et incroyablement stimulants, dont il faut sérieusement interroger la place et le rôle dans l’œuvre.
Éditorial
Sommaire
La philosophie comme attitude
par Jean-Marie Chevalier
Nature humaine et conduite. Introduction à la psychologie sociale
par Jean-Marie Chevalier
Toni Negri : pour la multitude
Avec la disparition d’Antonio Negri la cause communiste perd un grand penseur et un combattant infatigable. Persécuté pour ses idées révolutionnaires, incarcéré en Italie, il est devenu célèbre grâce à ses ouvrages polémiques qui se proposent de contribuer à l’émancipation de la multitude.
Un jour pourtant, un jour viendra
Les amis enfermés : entretien avec Clémentine Haenel
La violence du papier
Philippe Artières et Franck Veyron ont exploré les collections d’archives de La Contemporaine, à Nanterre, pour imaginer l’exposition « Ripostes ! ». Le très beau livre qui l’accompagne explore les diverses formes de lutte imaginées par les mouvements contestataires à une époque (1970-1974) dont la violence en France et dans le monde a été largement occultée.
Gabriela Mistral, la fervente aux mains nues
Lire Pressoir donne une perspective bouleversante à l’œuvre de Gabriela Mistral, première femme poète lauréate du prix Nobel en 1945. On y perçoit un basculement vers le désespoir, une noirceur et une violence qui contrastent avec ses poèmes plus anciens. Un recueil d’une grande force qui se lit comme un dialogue infini avec ceux qui ont disparu.
Grandeur fugace de l’ordinaire
Après Pas d’éclair sans tonnerre et Trois réputations, Jérémie Gindre poursuit son exploration de l’étonnante acuité du quotidien et de l’ordinaire. Les sept nouvelles de Tombola en affirment le potentiel romanesque dans un équilibre subtil entre dérisoire et profondeur.
La Géorgie à fleur de peau
L’Arabe invisible
L’apparition de la solitude
Andromaque par temps de guerre
Pour Stéphane Braunschweig, Andromaque est à la fois une pièce sur la folie amoureuse et sur celle de la guerre. Une lecture pertinente qui refuse les procédés d’actualisation, mais fait entendre des résonances contemporaines.
Mon père, ma bataille
Les derniers articles de notre numéro 186
Doubrovsky avant Doubrovsky
On fait la plupart du temps les fonds de tiroirs des grands écrivains. C’est bien souvent une erreur affligeante. Rien de tel avec la publication de L’un contre l’autre, le premier roman que Serge Doubrovsky, futur inventeur de l’autofiction, écrivit à vingt-quatre ans. On plonge dans ce roman comme dans un labyrinthe inégal, comme dans un jardin secret et on y découvre les prémisses d’une grande œuvre en gestation.
Le courage et la bonté
Marcel Cohen prolonge son livre de 2013, Sur la scène intérieure, en racontant l’intervention dans sa vie de cinq femmes qui auront secouru et aidé l’orphelin qu’il était. Observant leur bonté et leur bonté comme des faits, rien que des faits, ce grand écrivain de la mémoire sans l’autobiographie et du récit sans l’enquête bouleverse.
Freud en mondovision
Olivier Douville raconte comment la psychanalyse a conquis le monde entier comme un virus. Avec vivacité et audace, il retrace comment la discipline se déploie, prend forme et s’incorpore à son époque. Une somme monumentale, érudite, formidablement stimulante qui parvient à nous faire rêver. Que demander de plus ?
Le passé recomposé de John Ruskin
L’autobiographie de John Ruskin, critique d’art tant admiré de Proust, dénonciateur de la société industrielle, pilier de l’Arts and Crafts Movement, militant de l’éducation populaire, maître à penser des pré-raphaëlites, n’avait pas été traduite depuis 1911. On redécouvre avec enthousiasme un texte foisonnant et stimulant.
Écrire la rue
La rue est un espace complexe, altéré, qu’il faut vraiment observer. Trois livres racontent les nuits de survie des sans-abri, les difficultés des expulsés Rroms de Montreuil et la longue histoire de la mendicité. Lectures fort différentes mais plus qu’utiles en ces temps où la rue parisienne se transforme.
Ultimes missives des proscrits
Vincent Platini a recueilli avec minutie une multitude d’écrits de personnes qui se sont suicidées entre 1700 et 1947. Loin d’une morbidité malsaine, il transmue ce triste corpus en un texte véritable, polyphonique, qui restitue autant des parcours de vies ordinaires que l’histoire des « écritures de soi ».
Les deux versants d’une vie
Deuxième livre traduit en français de la romancière roumaine Simona Sora, Complaisance. Ascension en orthopédie, se lit tête-bêche, comme si deux récits devaient se rencontrer. Procédé qui donne à lire deux versions d’une existence contradictoire et dresse un tableau sans illusion des sociétés modernes, tant à l’Est qu’à l’Ouest.
L’atelier ou l’école ?
On n’en finit pas, en France, de prétendre « revaloriser l’apprentissage » et pourtant on le relègue et le méconnait franchement. L’historien américain Steven L. Kaplan, auteur d’une somme célèbre sur l’histoire du pain, en dessine l’histoire compliquée depuis Colbert jusqu’au début du XXesiècle.
Extension du domaine de l’art
Avec La vie des arts (mode d’emploi), Jean-Marie Schaeffer clarifie de façon lumineuse un certain nombre de questions, d’ambiguïtés, d’apories et de flous touchant à ce que nous entendons par « art ». Sa réflexion est constamment informée et précise, tant historiquement que théoriquement.