1836 est la date du début de l’ère médiatique et celle de la publication de la première chronique de Delphine de Girardin : une forme d’écriture nouvelle qui perdure jusqu’à aujourd’hui, se déclinant désormais selon les supports sous forme de pastilles humoristiques, à la radio ou sur les plateaux de télévision… La chronique est l’une des dizaines de rubriques apparues et quelquefois disparues depuis deux siècles, auxquelles est consacré Le monde à la une. Chacune y fait l’objet d’une entrée, avec un.e auteur.e différent.e et presque autant d’angles d’attaque : le ton est libre, de la nature du pastiche au besoin ; il met en abîme le contenu et la forme même de ce qui est décrit.
Marie-Ève Thérenty, Sylvain Venayre (dir), Le monde à la une. Anamosa, 368 p., 25 €
L’évolution du journal est indissociable des sursauts du monde qu’il a mis à portée de manchette. La seconde révolution industrielle dans les pays occidentaux en a en même temps permis le développement et le succès. Parce que s’y sont multipliés les sujets et les angles d’attaque, fourmille dans le journal une incroyable diversité de styles d’écriture et même, au-delà, de mises en forme graphiques de l’information – que l’on pense à la caricature, à la bande dessinée, à la gravure et plus tard à la photographie, l’horoscope, la météo…
Retracer le succès et la disparition des rubriques qui se bousculent au sein du journal, c’est revenir sur des visions du monde plurielles d’une incroyable richesse, qui racontent historiquement le rapport de l’individu à la société, dans son pays et à l’étranger. S’y lisent sa vision de l’autre et plus largement de son environnement, ses manières de lire et de voir l’Histoire au jour le jour. Pour En attendant Nadeau, Marie-Ève Thérenty et Sylvain Venayre, qui ont dirigé l’ouvrage, évoquent les relations entre journaux, pouvoir politique et citoyens ; les bouleversements entraînés par l’arrivée du cinéma ; les aller-retours du livre au quotidien, entre reportages et enquêtes au long cours ; l’importance d’une connivence entre celui ou celle qui écrit et le lectorat.
La reproduction d’une tribune de Michel Foucault lors de la révolution iranienne en 1979 soulève dans l’ouvrage le rôle politique que peuvent avoir celles et ceux qu’on nomme les intellectuels, alors que lui-même s’interroge sur sa légitimité à intervenir. Cet enjeu semble encore plus brûlant en temps de campagne présidentielle, la distribution des sujets abordés ainsi que celle du temps de parole ayant un impact visible, direct et déterminant sur l’opinion publique. Pour reprendre la question que se pose Philippe Artières dans sa contribution, en donnant la parole à d’autres et en s’effaçant derrière leurs discours, la presse se décharge-t-elle de ses responsabilités, particulièrement en temps de crise sociale et politique ?
Sylvain Venayre : À cette question éminemment actuelle, l’histoire de la presse permet d’apporter un éclairage intéressant, car le sens même de la question évolue avec le temps. Au lendemain de la Révolution, les journaux étaient pensés comme des appendices de la parole parlementaire. Ils portaient auprès d’un public plus large les débats politiques qui agitaient les chambres. Lorsque vous vous abonniez à un journal, vous le faisiez d’abord parce que ce journal reflétait vos opinions.
Les choses ont commencé à changer lorsque les journaux sont devenus de véritables entreprises, censées dégager du profit et publiant pour cela bien d’autres rubriques que des rubriques politiques – processus que l’on peut suivre à travers l’histoire de la chronique, du roman-feuilleton et du fait divers, par exemple. De ce point de vue, l’accusation de se décharger de ses responsabilités a été réitérée chaque fois que sont apparus des titres qui ne se donnaient plus comme les porte-parole d’une seule opinion politique. C’est le procès qu’on fait à Émile de Girardin en 1836 – plutôt injuste. C’est le procès qu’on fait en 1863 au Petit Journal lorsqu’il se présente comme une publication non politique – ce qui, Napoléon III l’a très bien compris, revient en fait à soutenir le pouvoir en place. Enfin, c’est le procès qu’on fait au Matin en 1884 et qui permet de répondre plus directement à la question, car Le Matin propose à quatre auteurs différents, représentant toutes les sensibilités politiques, de tenir successivement, tout au long de la semaine, une tribune.
On atteint ainsi très vite dans l’histoire de la presse ce point où, comme vous le dites, les utilisations de la tribune permettent à un journal de se décharger de ses responsabilités. Par la suite, la tribune ne signifiera pas nécessairement cela : avec l’arrivée des « intellectuels » dans la vie publique – un phénomène qu’on associe généralement à une tribune, celle de Zola dans L’Aurore en janvier 1898 – les journaux politiques donneront au contraire le plus souvent la parole à ceux qui partagent leurs idées. Les « intellectuels », qui apparaissent à partir des années 1880, et triomphent avec l’affaire Dreyfus, sont ces individus qui mettent au service d’une cause politique ponctuelle une notoriété qu’ils ont acquise dans d’autres secteurs (sciences, art, littérature). Ni élus, ni journalistes, ils s’expriment prioritairement dans le journal.
Si l’on réfléchit en termes d’histoire sociale, cet avènement des intellectuels est par ailleurs la conséquence du grand partage qui s’est désormais établi entre les hommes politiques, devenus des professionnels dans le cadre du système démocratique, et les journalistes, eux-mêmes devenus des professionnels à partir des années 1880 (ce que sanctionnera tardivement la carte de presse en 1935) : c’est dans cet intervalle que se définissent celles et ceux qui, désormais ni politiques ni journalistes, souhaitent néanmoins intervenir dans le débat public par le biais de la presse : les intellectuel.le.s. L’espace de la tribune, qui leur est réservé, ne me paraît pas tout à fait correspondre, si l’on suit cette histoire, au fait pour les journaux de se dégager de leur responsabilité.
La naissance des agences de presse (Havas en 1835 à Paris, Wolff en 1849 à Berlin, Reuters en 1851 à Londres) fait écho aux GAFA contemporains qui se partagent l’espace digital de diffusion de l’information. Lisa Bolz écrit au sujet des agences qu’elles « créent un véritable réseau d’écriture qui leur permet de s’imposer sur les marchés de presse et de prévenir l’émergence d’une éventuelle concurrence ». Le fait que la presse soit immédiatement un enjeu politique et économique fort est-il indissociable du contexte de mondialisation qui a accompagné son développement ?
S. V. : La presse n’est pas un enjeu économique fort à sa naissance : elle le devient progressivement au XIXe siècle, avec la possibilité fournie aux journaux de gagner désormais beaucoup d’argent, grâce à tout un ensemble de progrès techniques (l’illustration, le télégraphe, les rotatives, etc.). Or, oui, le phénomène frappant – et qui justifie tout notre livre – c’est que ces progrès techniques sont ceux-là mêmes qui permettent de donner le monde à voir et à comprendre par les images et par les nouvelles de l’étranger accessibles grâce au fil télégraphique.
Cela dit, ainsi que nous le montrons, il faut nuancer cette évolution : de nombreuses rubriques demeurent parfaitement à l’écart du mouvement du monde, centrant leurs propos sur des enjeux locaux et nationaux et, surtout, les journaux s’adressent à un lectorat de moins en moins identifié par ses idées politiques (en tout cas dans le cas des grands journaux populaires) et de plus en plus identifié à une seule caractéristique : celle de lire le français. Or, la meilleure façon de réunir ce lectorat est de flatter son appartenance à l’ensemble des Français, c’est-à-dire à la nation. De ce point de vue, les grands journaux de la Belle Époque, ceux qui tirent quotidiennement à un million d’exemplaires, ne correspondent que très imparfaitement à l’idéal de la mondialisation : tout en donnant des nouvelles du monde entier (un monde partagé entre les grands empires coloniaux), ils flattent le nationalisme de leurs lecteurs et sont un facteur très important du repli identitaire qui caractérise les décennies précédant la Première Guerre mondiale.
À propos du roman-feuilleton, Matthieu Letourneux écrit que « prétendre révéler la face cachée de la société, celle des vices des faubourgs ou des classes privilégiées de France ou d’Angleterre, c’est mettre en récit de façon dramatique la dynamique du journal au moment même où celui-ci s’invente dans ses formes modernes ». L’espace dédié à l’information dans les colonnes du journal a initialement profité à la littérature, et permis par exemple l’essor du roman social, devenu un genre littéraire à part entière. La littérature a-t-elle disparu ensuite des journaux seulement du fait du débordement de la presse écrite par d’autres supports (télévision, radio, internet…) ?
Marie-Ève Thérenty : C’est une question passionnante et complexe. Même si elle y est toujours présente, la littérature a commencé à marquer le pas dans les journaux sous certaines formes, comme la critique, antérieurement même à l’apparition du cinéma et de la radio. Il faut relier cela à un ensemble de phénomènes : la loi de 1881 sur la presse qui rend moins utiles les écritures littéraires ironiques ou fictionnelles chargées de contourner la censure ; l’essor des écritures factuelles d’informations qui se développent à partir de la création du Matin en 1884 ; et la professionnalisation croissante des journalistes qui entendent se distinguer des littérateurs (voir, par exemple, l’« Enquête sur l’évolution littéraire » de Jules Huret parue dans L’Écho de Paris en 1891).
Avec l’invention du cinéma, et notamment avec la deuxième naissance du cinéma, c’est-à-dire le moment où le cinéma n’est plus une attraction populaire mais devient un média narratif, fictionnel et artistique, la littérature s’affaiblit un peu plus dans le journal et dans la société, concurrencée par cet autre vecteur de l’imaginaire. La littérature se recroqueville largement sur ses formes privilégiées autonomes et les formes dominantes de la culture du XXe siècle ; le film et la chanson, notamment, perdent de vue leurs origines littéraires au fur et à mesure que de nouveaux médias d’enregistrement transforment radicalement les pratiques et les œuvres. Tout cela est juste.
Pourtant, aujourd’hui, les chercheurs ont tendance à relativiser cette « disparition » de la littérature. D’abord, elle se déporte du quotidien vers d’autres médias comme les magazines et les hebdomadaires : il suffit de voir le formidable essor de Gringoire ou de Candide dans les années 1930 pour se rendre compte que beaucoup d’auteurs continuent à pré-publier leurs fictions dans les journaux. Par ailleurs, les écrivains trouvent aussi dans le journal quotidien de l’entre-deux-guerres un lieu pour écouler leurs reportages (Kessel, Londres, Cendrars).
Même après la Seconde Guerre mondiale, si peu de journaux continuent à publier des romans-feuilletons, d’une manière ou d’une autre, le rewriting, la publication de chroniques ou de reportages, la direction de rubriques, continuent à fournir des revenus pour beaucoup d’écrivains, la presse populaire, comme France-Soir ou France Dimanche, constituant un recours méconnu pour bon nombre d’auteurs et d’intellectuels (Joseph Kessel, Romain Gary, Roger Grenier, Antoine Blondin, Claude Lanzmann).
Aujourd’hui, l’essor des réseaux sociaux, du journalisme de desk avec le bâtonnage (reprise de dépêches de presse sur les sites web des journaux, par copier-coller) dans les rédactions, le côté très technique du métier, contribuent par réaction au retour des formats longs très écrits dans la presse et aussi au renforcement de la double casquette d’écrivains journalistes (Emmanuel Carrère, Florence Aubenas, Ariane Chemin, Sorj Chalandon…).
Peut-on dire qu’aujourd’hui le livre accueille davantage la mise en récit de l’information, notamment avec le développement de la non-fiction et la publication d’enquêtes au long cours ?
M.-E. T. : Il y a effectivement une forme de paradoxe aujourd’hui avec l’essor du livre de non-fiction et la publication d’enquêtes au long cours dues à des journalistes et qui ne sont pas publiées d’abord dans la presse. On pense évidemment au livre récent de Victor Castanet sur les EHPAD. Certaines maisons d’édition comme Goutte d’Or ou Marchialy se spécialisent même dans ce domaine. Il s’agit généralement d’enquêtes au long cours dont les protocoles d’investigation par l’immersion ne sont pas exactement ceux autorisés dans le journalisme classique. Je pense au Quai de Ouistreham de Florence Aubenas ou à Dans la peau d’un maton d’Arthur Frayer.
Le phénomène n’est pas tout à fait neuf (on peut évoquer, par exemple, cette enquête hors du commun dans les maisons closes en 1928 de Maryse Choisy, Un mois chez les filles, parue directement aux éditions de France et devenue un énorme bestseller) mais il est massif aujourd’hui. Il s’explique par plusieurs facteurs. Même si aujourd’hui les journaux reviennent au long format, aucun journal ne pourrait offrir à des journalistes l’espace nécessaire pour un livre qui devrait paraître pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Cela fait penser à la réaction de Florence Aubenas qui avait eu les honneurs de la couverture du Nouvel Obs au moment de la sortie d’En France : « si j’avais proposé un seul de ces reportages, je n’aurais pas eu deux pages ». Je pense aussi que les journalistes sont en quête de légitimité à un moment où la profession est en crise et que le livre offre un statut d’auteur que ne garantissent plus les rubriques classiques du journal. Il existe enfin une sorte de paradigme présent dans tous ces ouvrages, paradigme qui n’est pas exactement celui des médias dominants : même si c’est avec les livres politiques que le phénomène a commencé, aujourd’hui il concerne souvent des ouvrages qui entendent faire parler les sans-voix et les invisibles, une minorité silencieuse, sujet qui n’est pas toujours facile à traiter dans le cadre d’un quotidien par exemple.
Il y a une grande diversité des formats nés dans l’espace du journal, comme la bande dessinée, la causerie qui est l’ancêtre du sketch humoristique, l’horoscope, la météo… Comment analysez-vous cette inventivité de la presse écrite, aussi riche que limitée dans le temps à cause de l’apparition des médias audiovisuels et radiophoniques ?
M.-E. T. : L’inventivité de la presse écrite s’explique sans doute au départ parce que c’était l’unique média de masse et que donc la plupart des nouvelles rubriques et des nouveaux formats se sont concentrés dans cet espace. Il ne faut pas oublier que les écrivains, et notamment les écrivains jeunes, ont colonisé les colonnes d’un journal surveillé, à un moment où l’édition régulièrement en crise ne pouvait tous les accueillir, et qu’ils ont beaucoup contribué à cette inventivité avec la satire, la caricature, le roman-feuilleton. Ils ont occupé le journal en prenant en compte les contraintes médiatiques (périodicité, rubricité, actualité, collectivité) mais en utilisant la boîte à outils littéraire (fiction, ironie, écritures intimes) pour proposer des genres et des rubriques. Cette inventivité s’est sans doute largement déportée ensuite sur d’autres inventions médiatiques et techniques. Le cinéma, notamment, a constitué un formidable appel d’air pour les jeunes générations qui, au début du XXe siècle, se sont intéressées à ce média. Beaucoup de réalisateurs du premier cinéma ont, comme René Clair, commencé par le journal ou la littérature.
L’inventivité au XXe siècle se déplace sur de nouveaux médias qui vont penser de nouveaux formats : le long métrage, le sketch radiophonique… D’ailleurs, on va voir certains dispositifs, créés par la presse écrite, migrer d’abord vers les médias audiovisuels puis sur internet. Je pense au journal parodique qui a connu une vraie fortune au XIXe et au XXe siècle avec une sorte de pic avec les parodies d’Actuel dans les années 1970 puis avec le groupe Jalons dans les années 1980-1990. Cette parodie de journal s’est d’abord déportée vers Canal + (les Guignols, Groland) avant de trouver maintenant une troisième vie sur internet (Le Gorafi).
Cela dit, j’aurais tendance à penser que la presse tout au long du XXe siècle, et même au-delà, a continué à innover. Cela s’est sans doute manifesté plutôt dans les hebdomadaires et les magazines, qui ont créé, notamment dans l’alliance avec la photographie, ou dans l’inscription du lecteur (courrier, jeux-concours), beaucoup de nouveaux dispositifs. Notre livre montre d’ailleurs que le journal continue à inventer des rubriques en suivant les évolutions techniques et scientifiques (la chronique télévisuelle, la chronique sur le jeu vidéo, la rubrique environnement, la rubrique de fact checking ou la rubrique santé) même si les inventions sont moins nombreuses.
La chronique de Delphine de Girardin en 1836, la causerie, les brèves pour rire… tout cela montre que l’usage de l’humour reposait avant tout sur une forme de connivence avec le lecteur permettant de contourner la censure. Beaucoup plus tard, l’apparition des commentaires en ligne a permis de voir évoluer les liens avec le lectorat en numérisant la page « courrier des lecteurs », de même que le développement des blogs et des sites de critiques collaboratifs a permis de donner la parole à un lectorat presque muet auparavant. Dirait-on qu’aujourd’hui on insiste pour préciser qui parle et à qui, là où cela était auparavant plus implicite ? Les positions de l’énonciateur et du destinataire ont-elles toujours pesé à ce point dans le dispositif informatif ?
M.-E. T. : Là encore, c’est une question bien complexe. Peut-être peut-on tenter une chronologie en trois temps qui écrasera d’ailleurs la spécificité des petits médias et de la presse spécialisée. Dans un premier temps, jusqu’à la monarchie de Juillet, les lecteurs du journal sont ses abonnés et le journal est tellement cher que finalement on sait qu’il est lu uniquement par une élite aisée. On est dans une logique de connivence. Le journal est d’opinion et donc chacun lit la feuille qui correspond à son orientation politique. Les rétroactions collectives du lectorat sur le journaliste sont rares et mémorables, comme en témoigne l’important courrier reçu par Eugène Sue au moment des Mystères de Paris.
Dans un deuxième temps, la croissance exponentielle des tirages tout au long du XIXe siècle, l’apparition des grands journaux d’information dans les années 1880, font que les journalistes s’adressent à de larges masses beaucoup plus hétérogènes et invisibles. Les grands journaux d’information à la fin du siècle tentent donc d’être moins partisans et se rallient à une conception républicaine et nationale, susceptible de fédérer le plus grand nombre, même si de grandes polémiques, comme l’affaire Dreyfus, peuvent encore diviser la nation et contraindre à un positionnement. Plus on clive, plus le lectorat risque de se réduire mais aussi plus les lecteurs et les journalistes peuvent avoir l’impression de se connaître et d’être en connivence. Les grands journaux d’information tentent donc de fédérer. Car le lectorat, même invisible, a toujours pouvoir de vie et de mort sur le journal, comme le montrent les tirages. Au XXe siècle, les journaux, avec la rubrique du courrier des lecteurs, avec la publication des petites annonces, avec l’organisation de jeux-concours et de sondages, avec des fondations de clubs, tentent effectivement de créer des communautés et d’avoir un retour de leur lectorat et une saisie de son opinion au-delà de l’arrêt de l’achat qui reste quand même le moyen d’expression le plus clair du lecteur.
Aujourd’hui, avec internet notamment, les réseaux sociaux et l’ouverture dans beaucoup de journaux de zones de commentaires, avec des publications qui sont de plus en plus spécialisées, avec surtout la transformation des lecteurs en producers, on a l’impression d’entrer dans un nouvel âge de la conversation où le journaliste est invité à répondre rapidement et individuellement aux commentaires que son article suscite. Et en même temps monte en puissance le sentiment chez beaucoup d’être exclus du jeu médiatique et de n’être pas entendus des médias.
Propos recueillis par Eugénie Bourlet