Dans Arpenté, Alain Freudiger raconte les territoires minuscules de son enfance. Avec une grande économie de moyens, il explore une géographie fondatrice, les expériences qui y prennent corps et confie l'illumination de la découverte de soi-même, de ses origines, de ses limites. Il se dégage de ce récit précis et touchant une sorte d'extase et de jouissance à être, tout simplement.
Littérature française
À la poursuite du cristal bleu
Dans Fantastique histoire d’amour, Sophie Divry propose un épais roman qui mêle les codes de plusieurs genres. Elle tente aussi de marier le réalisme et le fantastique, un choix formel qui apporte une touche étrange, comme distanciée, à ce texte par ailleurs empreint de poésie.
Une histoire qui tienne enfin debout
Il ne faut rien dire, le deuxième récit de Marielle Hubert est l'un des plus forts de la rentrée littéraire hivernale. On y découvre une voix, une manière de considérer la mémoire, la filiation, les violences et les fantômes qui nous hantent. Un texte d'une lucidité implacable dont l'audace narrative impressionne.
Demain les bêtes ?
Prix du Livre Inter - Entre comique et drame, Aliène, deuxième roman de Phœbe Hadjimarkos Clarke, situe nos incertitudes contemporaines entre le comique et le drame. Dans ce roman faussement campagnard, on trouve une chienne clonée et des extraterrestres pourchassant des chasseurs... et la réussite de la fiction sociale.
À un enfant, le royaume
Le premier roman d’Emmanuelle Tornero, Une femme entre dans le champ, envisage la maternité autrement, nous entraînant dans l'errance d’une mère partie à pied sur les routes avec son enfant. Il étonne à la fois par un sens très ouvert de la composition, la vision et les idées qu’il propose et, surtout, par la très grande beauté de son écriture.
Pour une histoire de la littérature lesbienne
La nouvelle édition de Ravages de Violette Leduc réintègre les passages qui manquaien à l'édition de 1955. Enfin complet, le roman gagne une dimension supplémentaire et ouvre la possibilité de faire enfin une histoire de la littérature lesbienne en France.
Voix prisonnières
MURmur, de Caroline Deyns, comporte deux parties qui se complètent et se répondent. Dans la première, dévidée sur les pages comme un long papyrus, ou glissée dans l’oreille d’une voix monocorde, un « je » s’exprime et se raconte. Lui succède un récit où les voix sont plurielles.
Bifurcation francophone
Pour qui je me prends, récit autobiographique de la romancière québécoise Lori Saint-Martin (1959-2022), raconte l’émouvante lutte d’une fille aux prises avec sa mère et déterminée à s’enraciner dans la langue française.
Les amis enfermés : entretien avec Clémentine Haenel
Avec Pleins phares, Clémentine Haenel signe son deuxième roman. Trois personnages s'y trouvent enfermés mais chaque enfermement est différent : une femme est taxi de nuit, un homme qui a commis des meurtres est incarcéré, un autre est en hôpital psychiatrique. Elle revient sur ses thématiques (l'extrême solitude, l'amitié) et sur cette expérience d'écriture.
Grandeur fugace de l’ordinaire
Dans Tombola, Jérémie Gindre fait évoluer sept femmes dans sept lieux touristiques où se marient nature et ringardise, maintenant les sept nouvelles du recueil dans un équilibre subtil entre dérisoire et profondeur.
Mon père, ma bataille
Avec Je vais bien, l'auteur de la bande dessinée Le café de la plage, Régis Franc, revient avec tact et émotion sur la vie de son père. Il raconte l'histoire d'un homme simple et le rapport complexe qu'il a entretenu avec lui.
Des jeux et des lieux
Jeux, de Georges Perec, reprend trois volumes qui avaient été publiés séparément. C'est un livre qu'il faut lire crayon en main pour remplir les cases de mots croisés, s'essayer à des suites arithmétiques ou à de redoutables problèmes d'allumettes, un livre où la contrainte n'est plus un prétexte mais une fin en soi.