En explorant avec fantaisie et méthode le XVIIIe arrondissement de Paris, Thomas Clerc renverse les manières de dire une aventure urbaine. Mais d'où vient l'intense joie que procure son texte ?
Pierre Benetti
Les débuts de la fin
Parmi la palette d’émotions offertes par la quarantaine de livres classés sous le nom du « post-exotisme » depuis le premier il y a quarante ans, celle qui provient de Vivre dans le feu est toute particulière. Plus encore que les autres, ce roman, présenté comme le dernier d'Antoine Volodine, traite de la fin d’une histoire et d'une vie. Et pourtant, il est entièrement tourné vers une initiation, c’est-à-dire un début. Si l’œuvre signée Volodine s’arrête, celle du post-exotisme continue.
Le courage et la bonté
Marcel Cohen prolonge son livre de 2013, Sur la scène intérieure, en racontant l’intervention dans sa vie de cinq femmes qui auront secouru et aidé l’orphelin qu’il était. Observant leur bonté et leur bonté comme des faits, rien que des faits, ce grand écrivain de la mémoire sans l’autobiographie et du récit sans l’enquête bouleverse.
Le livre qui avance
Serait-ce parce que le nouveau livre de Patrick Deville prend comme motif et comme nom samsara, la roue hindouiste et bouddhiste des vies parallèles, que le lecteur peut avoir la pénétrante impression et l’intense plaisir d’entrer au cœur de son projet littéraire ? En annonçant sa fin, cette œuvre en mouvement ne fait que la rejouer et la retarder sans cesse.
Songes de la raison
Venue d’une veine autobiographique, Sarah Chiche ne l'abandonne pas totalement dans son nouveau roman, Les alchimies, mais la croise avec le roman d’aventures et le burlesque. Au moment où la littérature semble saturée par la réalité sociale, une telle foi dans le romanesque se révèle tout à fait réjouissante.
Un art du détournement
Dans Épitre aux wisigoths, Pierre Senges défend une littérature fondée sur « des hypothèses prises au sérieux, des démonstrations par l’absurde, des postulats suivis de leurs corollaires ». Le deuxième livre qu’il publie simultanément en est une expérimentation pratique éclatante.
L’ami qui retient la vie
Alex est mort du sida le 15 octobre 1995, « la dernière année de la période la plus sombre de l’épidémie ». Une année vers laquelle Philippe Joanny se retourne dans 95, son deuxième roman autobiographique, sobre, humble et intense.
Entretien avec Yannick Haenel
Yannick Haenel revient au roman avec une excitation débordante, en donnant vie à un banquier anarchiste nommé Georges Bataille. Pour accompagner notre lecture du Trésorier-payeur, EaN s’entretient avec l’écrivain.
Parole de roman
Le deuxième roman d’Adrien Genoudet se distingue par sa réflexion sur l’histoire française et par sa manière de l’écrire et témoigne d’une vraie croyance dans la puissance de la parole.
Comme ils existent
Deux secondes d’air qui brûle, impressionnant premier roman de Diaty Diallo, invente une écriture musicale pour dire d’autres manières d’exister.
Changer de nom : méthode
Le troisième livre de Constance Debré peut énerver. Mais si Nom est un livre énervant, c’est d’abord parce qu’il rend la langue nerveuse.
Linda Lê et le siècle de fer
Dans son ultime livre publié de son vivant, Linda Lê prolonge un instant : la rencontre, en 1923 à Moscou, entre Ossip Mandelstam et Hô Chi Minh.