Ceux qui appartiennent au jour, le premier livre d’Emma Doude van Troostwijk ressemble à une nature morte. Elle y saisit, avec une grande acuité, des sortes de micro-scènes de l'existence d'une famille de pasteurs protestants. Un récit d'une maîtrise formelle impressionnante qui explore à la fois la mémoire, l'oubli et les mots mêmes qui les expriment.
Feya Dervitsiotis
Grèce : écrire après la crise
Publiés à quatre ans d’intervalle, au milieu et à la fin de la décennie d’austérité que vient de traverser la Grèce, deux romans grecs dépeignent une situation de désastre et d’asphyxie, tant dans la capitale que dans les campagnes, sur les esprits et les corps.
Jon Fosse, l’invisible en roman
On peut regretter que l'attribution du prix Nobel de littérature soit en France la condition nécessaire pour découvrir et traduire un écrivain étranger. La consécration du Norvégien Jon Fosse, qui orchestre dans ses livres un retrait du monde, va sûrement en être une nouvelle illustration.
L’amour façon puzzle
Dans Pauvre folle, Chloé Delaume raconte un amour contemporain en conjuguant les voix de la narration, de la poésie et de l'essai. Il en résulte un objet total, dont les multiples facettes font miroiter tantôt le réel, tantôt la fiction.
Une écriture enchantée du monde paysan
Bonne nuit mes doudous a pour cadre un village d’une âpreté magique, étranger à la modernité, à l’atmosphère proche de Giono. Le romancier grec Nikitas M. Papakostas a écrit là un troublant petit chef-d’œuvre.
Scribo, scribis, scribit, scribimus, scribitis, scribunt
Caisse 19 de Claire-Louise Bennett et Les perfections de Vincenzo Latronico sont traduits chez Scribes, une nouvelle collection de Gallimard qui adopte le rythme lent de l’édition indépendante pour présenter des « gestes d’écriture singuliers ».
L’homme qui n’est personne
En notant à leur insu des centaines de travailleurs, le Client mystère du premier roman de Mathieu Lauverjat évalue la société française.
Un roman qui tourne en rond
Plaisant au premier abord, le dernier livre de Christine Montalbetti s’embourbe rapidement. Sous ses dehors astucieux, il offre une bonne illustration des romans piégés par leur propre systématisme.
Un exil inattendu
À rebours d’une vision idéalisée, L’autre nom du bonheur était français de Shumona Sinha raconte l’évolution de ses démêlés avec les langues qui aboutissent à sa langue d’écrivaine.
La violence électrique
L’Italienne Goliarda Sapienza et la Suédoise Linda Boström Knausgård écrivent, à cinquante ans de distance, sur une même expérience : un traitement par électrochocs et la perte de mémoire qui en résulte.
La mémoire diluée
En mémoire de la mémoire de Maria Stepanova tente d’affranchir le présent de l’emprise du passé, sans vraiment convaincre.
La fille du monstre
Sa préférée, le premier roman de Sarah Jollien-Fardel, raconte la vie d’une femme empêchée de vivre après une enfance dévastée par la violence paternelle.