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Journal de la littérature, des idées et des arts 25/06 – 08/07 2025

En attendant Nadeau

Rami Abou Jamous, Gaza, vie. L’histoire d’un père et de son fils, Stock, 2025, 196 p., 19,50€ Malika Berak, Gaza, un corps. Tract poétique, Plan B, 2025, 60 p. 10 € Véronique Bontemps, Stéphanie Latte Abdallah (sous la direction de), Gaza, une guerre coloniale, Sindbad Actes Sud, 2025, 320 p., 23€. Jean-Pierre Filiu, Un historien à Gaza, Les Arènes, 2025, 203 p., 19€.
Vue aérienne de Rafah (21 janvier 2025) © CC-BY-SA-4.0/Ashraf Amra – UNRWA/WikiCommons

Chroniques d’une humanité en voie de disparition

Nombre de livres consacrés à Gaza paraissent dans l’urgence. De qualité fort disparate, ils nous posent urgemment la question : à quoi sert l’écriture dans ce conflit d’une violence inouïe ? Nous lisons, ensemble, quelques auteurs qui témoignent ou expliquent ce qui se passe et réaffirment l’humanité des habitants de la terre de Palestine.

Éditorial

Points de coordonnées

Edmund White est mort le 3 juin dernier à New York. Écrivain atypique, il a quelque chose d’un réprouvé trendy, figure exemplaire et mythique de la marge qui a fait entrer dans le monde intellectuel et littéraire les enjeux d’une littérature de l’homosexualité qui se revendique. Et il a fait changer nos manières de lire et de penser, offert un lieu pour se reconnaître. Ses romans, ses textes autobiographiques, ses essais, ses biographies sont traversés par l’homosexualité et font penser ce que nous en faisons individuellement et collectivement. Ainsi, tout le monde vit, lit, pense depuis quelque part.

Sommaire

Marie-Pierre Pruvot avec Anna Khachaturova
Bambi. Une vie ordinaire
par Philippe Artières
Jean Ciantar
La Ballade des garçons-poussière
par Sirîne Poirier
Dolores Reyes Miseria
Porter l’œil © CC-BY-4.0/Richard Ha/Flickr

« Raconter une demande de justice » : entretien avec Dolores Reyes

Miseria, le deuxième roman de l’écrivaine argentine Dolores Reyes, nous offre une autre facette de l’Argentine contemporaine. Elle nous explique comment l’exigence de justice et de mémoire qui l’anime peut se traduire dans la fiction et comment la fiction peut changer le réel.
Dakar Djibouti; Mission Dakar-Djibouti
Les membres de l’expédition à l’entrée d’un village, dans la région à Gondar, en Éthiopie, en juillet 1932. Marcel Griaule et tout à gauche, Michel Leiris à l’opposée sur la droite. © Musée du quai Branly – Jacques Chirac / Pauline Guyon

Entrée des fantômes

L’exposition « Mission Dakar-Djibouti » au Quai Branly propose une impressionnante « contre-enquête » sur les traces d’une mission ethnographique en Afrique dans les années 1930. Elle soulève des questions éthiques majeures et trouve une juste distance pour les apprécier. 
Julien Bondaz, Poussière d’oiseaux. Une autre histoire de la mission Dakar-Djibouti.
« La mission Griaule enrichit le musée du Trocadéro du butin recueilli au cours de sa mission Dakar-Djibouti », L’Intransigeant (01/03/1933) © Gallica/BnF

La brousse, la cage et l’oiseau

Dans Poussière d’oiseaux, Julien Bondaz revisite l’expédition Dakar-Djibouti de 1931-1933 à travers le prisme des créatures ailées. Loin d’une idée anecdotique, cette exploration tous azimuts frappe par sa finesse et son ampleur. Un livre passionnant, conçu comme une poussée de savoir. 
Xavier Le Clerc, Le pain des français
« Comment vivent 130 000 Nords-africains à Paris ? ». Article pour le journal Regards (15 février 1952) © Gallica/BnF

Une plaie ouverte

Entre histoire des rapports entre Français et Algériens et récit d’une mémoire personnelle, Le pain des Français explore la complexité de ces liens et d’une incompréhension qui dure. Mais la volonté évidente de réconciliation achoppe à une fascination pour le passé et le rôle de l’écrivain.  
L’Heure violette, Montserrat Roig, La Croisée, 288 p., 22€.
« La femme et l’oiseau », Joan Miró (Barcelone, 1938) © CC-BY-SA-4.0/Andres Moreno/Flickr

Les années de transition

Avec L’heure violette, l’écrivaine catalane Montserrat Roig livre un témoignage essentiel de l’expérience des féministes de la fin des années 1970 à Barcelone. Un récit subtil sur les luttes, la mémoire collective, le corps et la passion romantique.
Gustave Courbet, Correspondance avec Mathilde
« Les demoiselles des bords de la Seine (été) », Gustave Courbet (1857) © CC0/WikiCommons

Pris dans les liens

On a retrouvé en 2023 les lettres que Gustave Courbet avait échangées avec l’aventurière Mathilde de Svazzema. Éditée un peu hâtivement, leur correspondance révèle l’intimité de deux êtres qui ne se rencontrèrent jamais et enrichit notre connaissance du travail du peintre. 
Rodier Clément | L'École de Francfort en France
Sans titre, Karl Otto Götz (1954) © CC BY-SA 3.0 de/Jan Schüler/WikiCommons

Un rendez-vous manqué

Clément Rodier se demande pourquoi l’École de Francfort et la théorie critique n’ont pas été plus favorablement reçues en France. Son essai est une contribution bienvenue à l’histoire transnationale des concepts.
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Ronelda S. Kamfer Le cantonnement
« Cape coloured », Henry Trotter (Cape Town, South Africa, 2000) © CC0/WikiCommons

Grand roman traduit du kaaps

Ce n’est pas tous les jours que paraît en français un roman traduit du kaaps, la langue des métis du Cap. Nous découvrons ainsi avec enthousiasme Le cantonnement, classique moderne de la littérature sud-africaine de Ronelda Kamfer. Lecture passionnante d’un roman qui frappe de bout en bout par son inventivité narrative.
Ma poussière est l’or du temps, Autobiographie de La Bibliothèque recueillie et mise en état par Lucien X. Polastron, usager
Salle de lecture principale, New York City Public Library (1910) © CC0/WikiCommons

Promenades dans nos savoirs

Le voyage jubilatoire à travers les bibliothèques que nous propose Lucien X. Polastron stimule la réflexion. On s’émerveille, on rit, on retrouve ce qu’on avait oublié. Une lecture revigorante qui interroge ce que l’on conserve de l’écrit et pousse à considérer les choix à faire désormais. 
Générations : mémoires d’une lignée du Dahomey, Lucille Clifton
Archives personnelles © Lucille Clifton

Perpétuer la lignée

Dans Générations. Mémoires d’une lignée du Dahomey, la poétesse Lucille Clifton retrace l’histoire d’une famille africaine-américaine, la sienne. Elle nous offre une profonde réflexion sur la mémoire de l’esclavage et déploie une prose au souffle poétique frappant.

Florence Delay vient de mourir à l’âge de 84 ans. Académicienne, enseignante, actrice, romancière et essayiste, elle a déployé une pensée originale et précieuse et imaginé des formes brèves et neuves pour l’exprimer. On percevait dans son travail une subtilité et une luminosité particulières. Pour lui rendre hommage EaN republie nos lectures de son étonnant Zigzag, de Haute couture et d’Un été à Miradour. 


Un été à Miradour, de Florence Delay : magies d'un été
Florence Delay, à Paris (2007) © Jean-Luc Bertini

Magies d’un été

Le nouveau livre de Florence Delay raconte un été dans le sud-ouest, au début des années 1970 et donne à lire un moment de liberté.
Zigzag, de Florence Delay : des mots comme des épines
© CC BY 2.0/Les Chatfield/Flickr

Des mots comme des épines

Modifié et augmenté, l’essai de Florence Delay sur la forme brève en littérature reparaît et s’appelle Zigzag : ce nouveau titre promet une méditation dépourvue de lourdeurs et semée de surprises, et tient sa promesse.
Florence Delay, Zigzag En attendant Nadeau
Florence Delay © Jean-Luc Bertini

Brocarts, peinture et poésie

Francisco Zurbarán a peint de nombreuses saintes, les représentant fastueusement vêtues. Florence Delay se passionne pour ces personnages minorés dans un récit bref et dense.
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En bref

Notre chronique est avant tout une invitation au voyage, une lecture panoramique. Elle s’arrête sur les œuvres de Gaëtane Lamarche-Vadel, Joël Vernet, Jean-Pierre Le Goff, Jennifer Richard, Emmanuel Rubio, Alexandre Lauret et Berlinde De Bruyckere.

Épopée dans une barre d’immeuble

Les voleurs d’ampoules, roman de l’écrivain polonais Tomasz Różycki, s’apparente à un long poème en prose, hilarant et subtil. Il nous rappelle que l’humour et la convivialité constituaient dans la Pologne socialiste un moyen de résister à l’oppression de l’État.

Quelle époque

Dans Toutes les époques sont dégueulasses, Laure Murat aborde la question de la « réécriture » et de la « récriture » de textes classiques ou de bestsellers. Sujet brûlant et polémique qui appelle à une réflexion approfondie.
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