194

Journal de la littérature, des idées et des arts 20/03 – 02/04 2024

En attendant Nadeau

Karim Kattan, Le Palais des deux collines
Cremisan, près de Bethléem © Mikaela Burstow

La Palestine à la nuit tombée

La publication en poche du Palais des deux collines, son premier roman paru de 2021, permet de redécouvrir le jeune auteur palestinien Karim Kattan. Un texte fragmentaire qui exprime avec subtilité l’attachement à une terre et une histoire d’amour complexe, en évitant le piège réaliste et en faisant le choix d’un lyrisme qui frôle le merveilleux.

Éditorial

En découverte

Même numérique, un journal, déplié devant nous, découvre des mondes qu’on ne connaissait pas, des aspects de la réalité insoupçonnés, des histoires, des idées qui n’attendaient que cela : remonter à notre surface. Du moins, un journal qui s’efforce de ne pas en rester au familier et au déjà-pensé. Alors, tout un monde apparaît, qui continue de vivre au moment même où il se découvre. Et peut-être est-ce encore plus vrai quand ce journal parle de livres qui lui sont contemporains : la découverte se dédouble.

Sommaire

Hakan Günday
Zamir
par Jean-Paul Champseix
Ryoko Sekiguchi 
L’appel des odeurs
par Claude Grimal
Bernadette Lizet. Le cheval en robe de mariée. Des marchands de chevaux en France.
© CC BY-SA 4.0/mélie Tsaag Valren/WikiCommons

Un sang de cheval

Au croisement de l’histoire et de l’ethnologie, Bernadette Lizet raconte une épopée familiale qui nous plonge dans une France rurale où le cheval tenait une place considérable. Elle décrit avec une grande finesse toute l’ambivalence des rapports entre l’homme et l’animal, liens à la fois utilitaires, commerciaux et affectifs.
Benjamin Fondane - Correspondances familiales 1905-1944.
Benjamin Fondane (1933) © Collection Michel Carassou

Fondane : l’écriture qui unit

La correspondance de Benjamin Fondane avec sa famille ne ressemble à aucune autre. Poignante sans abolir sa dimension littéraire et intellectuelle, elle plonge au plus profond de la vie. Elle est unie par une écriture collective, comme par « les pulsations du cœur » d’un grand auteur.
Les Fleurs sauvages, Célia Houdart,
Les chardons délicats © CC BY 2.0/Jeanne Menjoulet/Flickr

Un roman de l’effet

Avec Les fleurs sauvages, Célia Houdart marque une nouvelle étape dans sa recherche formelle entre une écriture laconique et une tentation pour l’amplification descriptive. Elle déploie un récit dense et protéiforme où se succèdent continuellement des effets de dramatisation et de désamorçage.
Pirkko Saisio Le plus Petit dénominateur commun
Pirkko Saisio (2023) © Timo Ahonpaa

La Finlande à hauteur d’enfant

Pirkko Saisio est souvent décrite comme l’enfant terrible des lettres finlandaises. Dans Le plus petit dénominateur commun, grâce à une langue rythmée mêlant humour et angoisse, elle fait son autoportrait en fillette rebelle, mais aussi le portrait de la classe populaire dans les années 1950.
Elvire de Brissac Le jardin des plantes
« Vue cavalière du Jardin du Roi », Frédéric Scalberge (1636) (entre la future rue du Jardin du Roy, actuellement rue Geoffroy St-Hilaire, et le canal des Victorins, disparu depuis longtemps) © CC0/WikiCommons

Un jardin de Paris

Le Jardin des Plantes d’Elvire de Brissac est de ces livres qui, sans être eux-mêmes savants, savent défendre la science avec modestie, élégance et le sens heureux de l’anecdote.
Le temps des loups – L’Allemagne et les Allemands Harald Jähner
Vue aérienne oblique de bâtiments résidentiels et commerciaux en ruine dans le quartier Eilbek de Hambourg, Allemagne ( Photo prise par la Royal Air Force, juillet 1943) © CC0/WikiCommons

Après l’heure zéro

Dans Le temps des loups, Harald Jähner décrit avec précision et force une Allemagne  en ruines après la défaite de 1945. Informé et nuancé son livre explore le quotidien d’un peuple qui reconstruit son pays et s’interroge sur une mémoire collective plus qu’ambiguë. 
Catherine Lovey, Histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir
© Jean-Luc Bertini

Braises de palier

Dans Histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir, l’écrivaine suisse Catherine Lovey ausculte l’énigme d’une relation entre deux voisins. Une histoire à la fois extraordinaire et tout à fait ordinaire, racontée à la manière d’un conte et toujours avec les mots justes. 
L'appel des odeurs , Ryoko Sekiguchi
Ryoko Sekiguchi (2022) © CC BY-SA 4.0/G.Garitan/WikiCommons

Odeur, mon beau souci

Après les saveurs, Ryoko Sekiguchi se tourne vers les odeurs. C’est-à-dire vers le passé, les mystères qui gouvernent l’univers et les grandes émotions de l’existence.
Hakan Günday, Zamir
Un promoteur de l’hygiène d’une ONG européenne rend visite à une famille dans sa maison. (Camp au nord de la Syrie, 2022) © CC BY-NC-ND 2.0/EU Civil Protection and Humanitarian Aid/Flickr

À boulets rouges

Le nouveau roman de l’écrivain turc Hakan Günday n’épargne personne. Radical et brutal, flirtant avec la politique-fiction et le fantastique, il règle ses comptes au pas de charge avec l’Orient comme avec l’Occident.

Conversations de l’après-guerre froide

À l’heure où le continent tangue entre conflit militaire, élargissement et mouvements populistes, Jean-Yves Potel retraverse les années 1980 en compagnie des écrivains, intellectuels et acteurs d’Europe centrale et orientale.

Qu’y a-t-il sous les ruines ?

Notre chronique « Le vif de l’art » nous conduit au musée des Beaux-Arts de Lyon où vient de se tenir une exposition consacrée aux ruines.

Silences et attentes quelconques

Avec Choses, bêtes, prodiges, Claudio Morandini poursuit l’exploration d’une double thématique constamment présente dans son œuvre : celle des formes du silence et des modalités de l’attente comme éléments fondamentaux de notre rapport au monde.
Retrouvez le deuxième volet du numéro précédent :

Les derniers articles de notre numéro 193

Emilie Hache De la génération
Prithvi est la terre et la déesse mère de l’hindouisme ( sous la forme d’une vache dans ce tableau) © CC BY-SA 4.0/Ian Pereira/WikiCommons

Des lettres, des terres et des déesses

Dans son dernier essai, Émilie Hache propose, en articulant enjeux écologiques, féministes et décoloniaux, de renouer avec ce que la notion contemporaine de « production » a refoulé : le féminin, les mythes et les rituels de regénération du monde, des porosités inter-espèces. L’autrice en appelle ainsi à constituer une mythologie adaptée à notre temps.
Yannick Haenel Bleu Bacon
Yannick Haenel devant une peinture de Francis Bacon ( Exposition « Bacon en toutes lettres », Centre Pompidou, 2019) © Khanh Renaud

Dans la chambre bleue de Francis Bacon 

Le temps d’une nuit, Yannick Haenel s’est enfermé dans un musée en compagnie des toiles de Francis Bacon. Une expérience extrême qui pousse l’écrivain vers ses limites et réclame de repenser la peinture et ce qu’elle provoque.
Une année à l'école Gianni Stuparich
« Alice », Amedeo Modigliani (1918) © Domaine public

Portrait de groupe avec jeune fille

Bref roman du grand écrivain triestin Giani Stuparich, Une année d’école inaugure la nouvelle collection de poche des éditions Verdier. Beau choix que ce texte ouvert d’une grande modernité, portrait d’une époque et d’une jeune fille à la liberté étourdissante.
Rosa Luxemburg : Herbier de prison 1915-1918
Herbier de Rosa Luxemburg, Portrait de 1905 (Collage) © Sirîne Poirier

Le jardin secret de Rosa Luxemburg

La publication de l’Herbier de prison de Rosa Luxemburg nous révèle des aspects plus discrets de la célèbre révolutionnaire. Nous découvrons que son engagement politique n’a jamais tué en elle la femme de science amoureuse de la nature et de la littérature.
Consultez le second volet du numéro :