En bref : révolutions

Naguère on imaginait la révolution suite de la guerre, ce n’est plus le cas. L’enjeu de la guerre en Ukraine est tout autre, des universitaires français et ukrainiens en proposent une salubre entreprise d’éclaircissement et de compréhension. René Michaud témoigne de sa jeunesse ouvrière anarchiste qui, au début du siècle, attendait la révolution. Celle dont rêva Vera Broido toute son enfance ; fille de menchevik, elle témoigne de sa terrible désillusion dès les années vingt et du sort de sa mère. Les erreurs tournent à la tragédie dans les réflexions de José Carlos Agüero, fils de membres du Sentier Lumineux, guérilla barbare au Pérou. Autant, après ces épreuves, se reposer avec le dernier roman de l’écrivain britannique David Nicholls qui conjugue humour et mélancolie, ou carrément partir avec l’écrivain coréen Kim Ho-Yeon qui, par temps de Covid, invite à vagabonder dans son pays.

Pierre Bayard, Jean-Louis Fournel et Constantin Sigov (dir.) | Comment parler de l’Ukraine en guerre ? Informer raconter résister. Presses universitaires de Vincennes, 200 p., 19 €

Alors que les politiques de Moscou à Washington épuisent toutes les ressources du langage pour ne pas dire leur intention de ne pas mettre fin à la guerre, des universitaires ukrainiens et français se sont réunis pour offrir leurs réflexions, et même leur aide. C’est que la guerre, comme le notent les auteurs, transforme le langage, et contribue aussi à ce fameux « brouillard » : le rôle des universitaires est de dire bien, mais surtout « de dire juste ». Le panel de chercheurs réquisitionnés pour la circonstance y contribue. Ils sont bien conscients de ne pas travailler dans les conditions ordinaires qui supposent distance et apaisement, mais acceptent d’œuvrer à chaud. Et ils s’attellent tous aux perversions du langage dans la matière qui leur est propre.

Doit-on parler de victime ou de survivant-e pour celles et ceux qui ont subi des violences sexuelles, se demande la juriste Yuliia Chystiakova ? L’avocat Gabriel Sebbah rappelle que Poutine joue avec le terme de génocide pour parler des russophones du Donbass, mais se refuse à employer les mots de guerre ou de conflit armé. Valentin Omelyantchyk, chercheur en philosophie, scrute ce que devient le nom Ukraine dans les différentes formulations quotidiennement employées : guerre en Ukraine, guerre d’Ukraine ou Ukraine en guerre.

La conclusion du volume revient à la philologue et académicienne Barbara Cassin qui écrivait dès les premières heures du conflit : « ceux qui ne l’ont pas connue et qui croyaient la connaître se demandent ce qu’est la guerre. Une réponse m’est venue : c’est la mort indistincte ». Face à l’amoncellement des ouvrages consacrés à la guerre en Ukraine, voilà une salubre entreprise d’éclaircissement et de compréhension. À mettre au-dessus de la pile… Annie Daubenton

René Michaud | J’avais vingt ans. Un ouvrier anarchiste au début du XXe siècle. Plein Chant, 318 p., 24 €

Du temps où l’anarchisme était populaire dans les milieux ouvriers, multipliait les actions provocatrices, animait des syndicats au point de construire une tendance révolutionnaire au sein de la CGT, René Michaud (1900-1979) était un jeune ouvrier apprenti dans la chaussure. Il vivait avec sa mère dans un taudis du 13e arrondissement parisien, un des plus pauvres de la capitale. Son père s’était suicidé quand il avait cinq ans. Beaucoup plus tard, devenu une personnalité de la gauche anti-stalinienne dès les années 1930, Michaud animait des revues et des cercles de réflexion. Proche de Boris Souvarine, il a longtemps collaboré à la revue La Révolution prolétarienne qu’il quitta peu avant sa mort. Fidèle à son anarchisme originel, il passa toute sa vie « à la recherche de l’autonomie ouvrière » (titre de l’éclairante postface de Jean-Louis Panné).

Ainsi, lorsqu’il entreprit d’écrire ses souvenirs au cours des années 1950, il se concentra sur sa jeunesse d’ouvrier anarchiste qu’il considérait comme fondatrice de sa longue épopée en marge des courants de gauche dominants. J’avais vingt ans emporte le lecteur d’aujourd’hui dans un monde ouvrier disparu, du temps où l’on était licencié pour un rien, où l’on risquait sa vie en manifestant le 1er mai 1919, « une journée cruelle et sanglante ».

Ses récits ne tombent jamais dans la plainte, Michaud se moque même de sa naïveté d’adolescent. Le ton est sympathique, parfois drôle lorsqu’il met en scène les colères de sa mère. Le réalisme de ses descriptions du 13e arrondissement nous offre un regard ouvrier. Lorsqu‘il cherchait une place, il remontait les petites rues où se groupaient « un grand nombre d’ateliers de chaussures », des ateliers pour le moins rudimentaires : « Notre coin était des plus sordides. Il était séparé des machines par des pseudos-cloisons, en bois non raboté, surmonté de grillages. On se serait cru dans un poulailler. » Mal payé, il fabriquait des pièces pour des chaussures, se montrait insolent face à la discipline du travail. Organisateur de grèves, sans cesse viré, révolté à cent pour cent, notamment lorsque l’assassin de Jaurès fut acquitté, déserteur contraint de vivre hors la loi, il se reconnaissait dans l’anarchisme révolutionnaire porté par Kropotkine dont il avalait les livres. Personnalité attachante, René Michaud fait le portrait d’un monde oublié où se mêlaient les révoltes, la fête, la répression, la misère : « Nous nous sentions follement audacieux. Surexcités par la discussion et par nos jeux, stimulés par l’attention amicale des filles, nous brassions les idées avec autant d’absolu que de désinvolture. L’avenir était à nous… » Un beau et rare témoignage. Jean-Yves Potel

« La place Skobelev pendant la révolution de Février », Aleksandr Gerasimov (1917) © CC0/WikiCommons
Vera Broido | Fille de la Révolution. Trad. de l’anglais par Anne Foucault et Maria Matalaev. Allia, 250 p., 15 €

Née en 1907 à Saint-Pétersbourg-Petrograd qu’elle quitte en 1920, Vera Broido a publié un premier récit de son enfance alors qu’elle était réfugiée à Berlin, sous le titre Russische Kindheit (Une enfance russe) en 1930. Fille d’un couple de mencheviks, elle grandit dans le climat révolutionnaire et connait l’exil – ou plus exactement la relégation – en Sibérie dont elle garde des souvenirs d’enfance émerveillés. Quand il évitait la potence et la forteresse Pierre et Paul, l’exil était une bien douce sanction en comparaison avec le bagne tsariste ou plus tard le goulag. Les révolutionnaires, toutes tendances confondues, s’y tenaient au chaud dans de confortables isbas, prenaient part à la vie sociale des villages où ils étaient astreints à résidence en occupant diverses fonctions, de directeur d’hôpital à bibliothécaire. Lorsqu’ils quittèrent les lieux à l’annonce de la révolution de Février, les villageois se sentirent abandonnés et même, bientôt, trahis. « Lors d’une assemblée générale convoquée à la hâte à la mairie, le maire fondit en larmes : ‘la Sibérie a été une mère pour vous, et pourtant vous nous quittez sans penser à l’hôpital, à la pharmacie, à l’école, à la banque. Ils n’auront plus de personnel et devront fermer. Qu’allons-nous devenir ? » Oui, mais le grand jour était enfin arrivé. « La Révolution, écrit Broido, j’avais grandi avec ce mot, on m’avait appris dès mon plus jeune âge à attendre impatiemment cette fête universelle, cet accomplissement de tous les espoirs. » Ses parents et leurs amis avaient vécu pour elle, étaient prêts à mourir pour elle…

Le récit des trois années passées ensuite à Petrograd durant la Révolution atteste autant de l’élan révolutionnaire que partagent les enfants que des rigueurs, pour employer un euphémisme, engendrées par la guerre civile. Idéalisée dans la vulgate historiographique soviétique, cette période vue à hauteur d’enfant est un réel document. Plus grave encore que les restrictions alimentaires, la répression des mencheviks ne se fit pas attendre. La fuite pour y échapper devenait la seule solution. Quand ils y parvenaient, les anciens camarades de Lénine devenus ses ennemis se rencontraient à nouveau à Berlin où Vera allait retrouver cet homme qui la fascinait tant enfant, Martov. On croise dans son récit d’autres figures connues, ainsi Fiodor Dan, Axelrod, ces célèbres plumes de l’Iskra, journal révolutionnaire fondé avec Lénine. On croise également une autre figure, du monde artistique cette fois, le photographe et critique d’art dadaïste Raoul Hausmann, avec lequel Broido vécut jusqu’à ce qu’elle rejoigne son père et son frère qui avaient émigré en Grande-Bretagne.

De son côté, la mère de Vera a décidé en 1927 de retourner en URSS, incapable de se résigner à ne plus pouvoir y exercer la liberté de parole. Auparavant, elle avait rédigé ses mémoires dont sa fille retrouvera quarante ans plus tard l’original en langue russe dans les fonds de la Hoover Institution à Stanford. En 1967, Vera Broido les publiera sous le titre Memoirs of a Revolutionary. Ce n’est qu’à l’ouverture des archives soviétiques qu’elle apprendra le sort de sa mère, condamnée à mort par un tribunal militaire et exécutée en septembre 1941, après des années d’incarcération.

Aucun de ces livres-témoignages n’ont été traduits en français. Le présent ouvrage, rédigé par l’autrice alors qu’elle a atteint 91 ans, en s’appuyant sur les précédents, est donc le premier. On peut espérer que lui suivront les mémoires de sa mère et son propre livre sur Lenin and the Mensheviks. The Persecution of Socialists under Bolshevism, publié en 1987. Des témoignages de première main dont les historiens ne sauraient se dispenser. Sonia Combe

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Après la violence. Réflexions d’un fils du Sentier Lumineux
« Après la violence. Réflexions d’un fils du Sentier Lumineux », José Carlos Agüero (Détail) © Terres de feu
José Carlos Agüero | Après la violence. Réflexions d’un fils du Sentier Lumineux. Trad. de l’espagnol (Pérou) par Pierre Madelin. Préface de Dorothée Delacroix. Terres de Feu, 190 p., 16 €

Poète et historien, fils de membres du Sentier lumineux exécutés extrajudiciairement, José Carlos Agüero a travaillé pour la Commission de la Vérité et de la Réconciliation du Pérou (2001-2003). C’est de cette position de funambule – la CVR a attribué à la guérilla la responsabilité de 54 % des morts du « conflit armé interne » péruvien (1980-2000) – qu’il tire des réflexions d’une exceptionnelle valeur éthique. Objets d’opprobre, les guérilleros du Sentier lumineux se sont vu expulser de l’Histoire. L’écrivain refuse cette indécence mémorielle. Et ce, alors même qu’il juge barbares les exactions du Sentier, alors même qu’il accepte que la CVR ait dénié aux guérilleros exécutés le statut de victimes.

De cet écartèlement entre sa loyauté envers la mémoire familiale et son engagement dans la défense des droits humains, José Carlos Agüero fait un entre-deux fécond. Son livre mêle témoignage personnel et débat afin de questionner les certitudes du Pérou de l’après-conflit. En une lumineuse formule, il invite à réfléchir sur l’insaisissable « subjectivité des choses publiques ». Pratiquant une opiniâtre éthique du doute, ce fils de guérilleros ausculte le « stigmate » dont il est marqué. Souffrant de l’impossibilité publique de faire le deuil de ses parents, il plaide pour que les sendéristes cessent d’être des fantômes de l’Histoire. Soulignant les mortifères complicités auxquelles les guérilleros ont incité nombre de voisins ou de communautés indiennes, il regrette que les sciences sociales se détournent de « l’approche centrée sur la victime » afin de « rendre leur agentivité » aux individus et aux populations. Car, soutient-il, « obtenir le statut de victime peut déjà être […] une étape vers la citoyenneté ».

José Carlos Agüero atteint une hauteur de vue tragique dans le dernier chapitre de son livre. Il y défend la reddition, à rebours de la morale que lui ont léguée ses parents. Se rendre, être enfin une victime, octroie le don du pardon qui « ne peut être ni un acte d’orgueil, ni un cadeau [mais] un acte d’humilité » en faveur de la paix. Par nos temps de guerres, ses réflexions n’ont pas de prix. Florence Olivier

David Nicholls | Rendez-vous ici. Trad. de l’anglais (Royaume-Uni) par Sarah Tardy. Belfond, 416 p., 21,90 €

Bâtir un roman s’apparente parfois à la construction d’un immeuble : on met en place la charpente, ensuite le reste de la structure consiste en un travail presque mathématique. Chez David Nicholls, auteur et scénariste à succès, l’architecture sert à encadrer une histoire d’amour, étoffée de dialogues qui remplissent l’espace, pour créer un immeuble charmant et chaleureux où l’on a envie de s’attarder.

Depuis son premier roman, Pourquoi pas ?, centré sur une romance estudiantine dans le contexte d’un quiz télévisé, en passant par Un jour – devenu une série sur Netflix –, où pendant deux décennies deux amoureux se retrouvent le même jour une fois par an, jusqu’à Nous, où une crise maritale a lieu dans le contexte d’un voyage trans-européen en Inter Rail, Nicholls affectionne des aires de jeu géo-temporelles bien définies, obligeant ses personnages à jouer et à se débrouiller avec leurs sentiments ambivalents dans un temps et un espace limités : la vie n’est-elle pas faite de limites ?

Rendez-vous ici ne déroge pas à la règle : il s’agit d’une randonnée de trois cents kilomètres à travers le Lake District dans le nord-ouest de l’Angleterre, entreprise par Michael, professeur de géographie, afin d’oublier son récent divorce. Sa copine Cleo s’incruste et convoque d’autres amis afin d’aider les uns et les autres à trouver leur âme sœur. Comme d’habitude chez Nicholls, cela ne se déroule pas comme prévu : Michael ne jettera pas son dévolu sur celle qui lui est destinée, une triathlète prénommée Tess, tandis que Marnie, rédactrice pigiste, initialement attirée par un pharmacien insipide, finira par apprécier le cœur du professeur. Nicholls, en bon scénariste, a le don de fabriquer des dialogues vifs et piquants, rappelant les films avec Katherine Hepburn et Cary Grant.  L’esprit et la vivacité des tourtereaux confèrent une profondeur à ce dispositif, situé dans la lignée des promenades littéraires du passé, notamment celle des Jonquilles de Wordsworth et celle du Temps des offrandes de Patrick Leigh Fermor. Le vrai sujet pour Nicholls, promeneur passionné, c’est la solitude, voire la « mélancolie délicate » qu’il trouve dans les romans d’Anita Brookner. Mais, plutôt que d’opter pour une situation urbaine, il préfère lier amour et paysage, comme dans Avec vue sur l’Arno de Forster. Enfin, il avoue être fasciné par l’idée d’une seconde chance, thème majeur dans Persuasion de Jane Austen. Rendez-vous ici vaut le détour pour son alliance de mélancolie et d’humour, chose rare. Steven Sampson

Kim Ho-Yeo | Le vagabond de Séoul. Trad. du coréen par Lim Yeong-hee et Catherine Biros. Picquier, 316 p., 22 €

Même si la Corée s’est grandement rapprochée de nous grâce à son cinéma, elle reste lointaine. Non sur le mode de l’exotisme mais, au contraire, à cause de la surprise que nous pouvons ressentir à nous dire : « Tiens, eux aussi ! » alors qu’il nous paraîtrait évident que, vu l’éloignement géographique et historique, nos manières de penser et nos modes de vie ne pourraient que différer beaucoup.

Ce Vagabond de Séoul qui nous arrive ce printemps a été écrit au moment du covid, peut-être le premier événement à avoir eu une dimension aussi universelle sur terre. Nous retrouvons donc la question des masques qu’il faut porter, ce que beaucoup oublient ou refusent délibérément de faire. Nous devrions avoir là un point commun clairement perceptible mais l’affaire remonte déjà à plusieurs années et le covid s’est effacé de nos consciences. Les masques inutilisés s’entassent dans nos armoires. Joue dès lors un effet d’exotisme temporel : c’est en lisant un roman écrit de l’autre côté du globe que nous retrouvons ce qui fut naguère notre quotidien à tous et ne l’est plus. La question du masque ne se pose qu’à partir d’un certain moment du livre, puis de plus en plus, sans jamais devenir prédominante, à ceci près que le rapport au masque est pour l’écrivain un moyen commode de caractériser une attitude, une personnalité. Nous avons nous aussi connu cela.

Comme le roman est écrit par un Coréen, il n’y a pas lieu de souligner les pratiques alimentaires différentes des nôtres. Il dit « baguettes » où nous disons « fourchette » sans expliciter le contenu de ces plateaux-repas dont il est si souvent question. Nous devinons qu’il y a du riz, mais à part cela ? Une saucisse faite avec des têtes de poisson ? N’y a-t-il pas erreur quelque part ? Peut-être dans le souvenir du lecteur. Plusieurs personnages boivent beaucoup. Ils peuvent attendre l’ivresse d’une bière qualifiée de « savoureuse » et issue d’une production artisanale. Mais ils comptent surtout sur le soju, un alcool dont rien ne nous est dit de sa composition : un vin ? un alcool de fruits ? de grains ? L’auteur ne le dit pas, puisque, peut-on supposer, tous les Coréens savent ce qu’il en est.

Cette absence des précisions auxquelles s’attacherait un romancier intéressé par l’effet d’exotisme produit un effet de familiarité – les personnages se nourrissent d’un plateau-repas – qui met en relief les différences quand nous les remarquons. Par exemple, concernant la scolarité des enfants : elle exige de gros sacrifices financiers, avec comme conséquence inévitable une hiérarchie des formations liée au prix que la famille a eu la possibilité d’y investir.

La structure du roman est solide et judicieuse. Tout tourne autour d’une modeste supérette de quartier dont la patronne, une enseignante chrétienne à la retraite, souhaite plus aider des gens dans le besoin que gagner le plus d’argent possible. Elle a embauché un SDF amnésique dont le comportement incite à lui accorder toute confiance pour accomplir le service de nuit. Chaque chapitre est consacré à un nouveau personnage qui finit par échouer dans la supérette et par s’interroger sur l’identité de cet étrange vagabond. Question que le lecteur se pose aussi et à laquelle la réponse viendra tout à la fin, résultant de cette pluralité des regards. Tel est le moteur du roman et son charme, mais son intérêt particulier réside dans la galerie de portraits de Coréens d’âges et de conditions divers. Comme tout dans ce livre, ils sont à la fois très proches de nous et cependant un peu différents. Juste un peu. Marc Lebiez