Le procès des viols de Mazan s’est clos le 19 décembre dernier. Déjà quatorze livres ont été consacrés à l’affaire. Cependant, la plupart, plutôt qu’analyser les faits, communient dans l’émotion et blâment le patriarcat.
par Thibault Le Texier
| Essais, Littérature française, Politique
Éditorial
Lecteurs lucides
L’attribution du Nobel de littérature à László Krasznahorkai nous réjouit grandement. Nous l’entendons comme un événement qui met la puissance de la littérature, de son expérience unique, au centre, semblant la détacher de la circonstance, pour en célébrer l’ampleur et la nécessité. C’est ainsi que l’entend Maurice Mourier, fin connaisseur de son œuvre, qui en apprécie le déploiement et nous fait ressentir l’emportement joyeux de la lecture de textes majeurs et ce que ce prix veut dire. Il faut avouer que sa lecture bouleverse, enchante, faisant tourner tout un monde rempli d’idées.
Sommaire
Anouar Benmalek Irina, un opéra russe par Faris Lounis
José Emilio Pacheco Le sang de Méduse par la rédaction d’EaN
Ursula K. Le Guin : une écrivaine pour le XXIᵉ siècle
Au sein de la science-fiction et de la fantasy, comme dans la littérature générale, nombre d’écrivain(e)s revendiquent aujourd’hui son influence. La parution de Searoad, dernier de ses romans non traduit en français, est l’occasion de faire le point sur une œuvre aux multiples facettes, terriblement actuelles.
Céline Minard livre sa lecture d’Ursula K. Le Guin. Elle souligne que son œuvre est « un haut fait de littérature exploratoire », manifestant « une vision mouvante, délicate, éthique, politique et surtout poétique de la bonne façon d’aborder les mondes ».
luvan fait la critique, fulgurante, poétique, de Lavinia, ultime roman d’Ursula K. Le Guin, où la femme d’Énée a le premier rôle. Dans ce « récit de métamorphose et de confiance », « nous sommes les lieux => topoï. Où tout peut advenir. Où tout, déjà, est mille fois advenu ».
Dans Searoad, Ursula K. Le Guin entrecroise des récits dans une veine réaliste qui peut surprendre, mais qui fait écho à ses autres livres tout en manifestant des facettes différentes de son talent.
Traductrice de Searoad, Hélène Collon explique comment elle est arrivée à ce livre, et que les traducteurs doivent avoir l’« oreille » capable de capter la tonalité propre à chaque texte.
Elio Possoz, auteur des Mains vides, raconte combien sa lecture des Dépossédés de Le Guin a été libératrice, lui permettant de laisser le héros « dans le sac-à-patates où il doit être habituellement rangé ».
Pourquoi Ursula K. Le Guin inspire-t-elle autant d’écrivain(e)s ? Tentative de réponse à travers ses deux romans les plus célèbres, La main gauche de la nuit et Les dépossédés.
Pessimiste, désespéré, émaillé d’humour corrosif, le film Un poète du Colombien Simón Mesa fait la satire d’une société où la poésie semble inutile. On oubliera difficilement son personnage principal.
Un peu partout, de « petites » maisons d’édition ont l’audace de publier de la poésie. Leur rôle est décisif et nous aurons toujours à cœur de les soutenir. La chronique « À l’écoute » se penche sur certaines de leurs parutions.
Les archives d’Henri Michaux sont décidément d’une très grande richesse. Dans Leçons de possession, Muriel Pic montre comment l’expérience de la drogue répondait chez le poète à un besoin existentiel, celui de vivre la folie.
Géographie de l’oubli de Raphaël Sigal et Nuta de Charles Duquesnoy traitent tous deux de la transmission familiale de la Shoah. L’écrivain et l’historien sont renvoyés au même déni dont ils conjurent, chacun à sa façon, la puissance d’effroi et de méconnaissance.
par Carole Ksiazenicer-Matheron
| Littérature française
La violoniste est une des premières nouvelles écrites par Ferdinand von Saar (1833-1906). Elle atteste que l’écrivain autrichien a trouvé d’emblée le style et les sujets qui firent de ce grand pessimiste un des meilleurs chroniqueurs de la monarchie austro-hongroise finissante.
par Jean-Luc Tiesset
| Littérature étrangère
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Les premiers prix littéraires sont décernés ces jours-ci. Natacha Appanah vient de recevoir le Prix Femina alors que Laurent Mauvignier est couronné par le Goncourt. Laura Vazquez obtient Prix Décembre et Yanick Lahens se voit distinguée par l’Académie française. Nous vous invitons à redécouvrir nos lectures de ces textes qui inventent des formes et des langues qui nous frappent.
Prix Goncourt – La maison vide de Laurent Mauvignier est un livre puissant. Lucide, réfléchi, complexe, il parvient à interroger la langue, le temps, le passé et la manière de raconter. Il affirme surtout le pouvoir du langage et la capacité incroyable de la fiction à résister.
Prix Goncourt – Alors que paraît La maison vide, nous vous invitons à lire des extraits d’un entretien que Laurent Mauvignier a accordé à la revue La Femelle du Requin en 2022. Une manière d’interroger une œuvre majeure et le travail d’un écrivain lucide.
Prix Femina – Dans La nuit au cœur, Nathacha Appanah relie son expérience propre à celles d’autres femmes confrontées à la violence terrifiante de certains hommes. Ce livre bouleversant allie un véritable courage à l’inventivité formelle.
Prix Décembre – Comme les ouvrages précédents de Laura Vazquez, Les forces porte le souffle et l’ambition narrative d’un livre-monde. Elle s’approprie le roman d’initiation pour interroger la possibilité d’une vie poétique aujourd’hui, et formule une critique puissante des modes d’existence actuels.
Prix de l’Académie française – Passagères de nuit, de Yanick Lahens, tisse des liens entre des lieux, une mémoire et des figures féminines qui incarnent une insoumission radicale. Un livre fulgurant, plein de beautés, de souffrances et de magie.
Quelle est la nature exacte de la contre-offensive réactionnaire qui s’en prend à l’écologie ? Telle est la question qu’examine un ouvrage collectif salutaire, Greenbacklash. Qui veut la peau de l’écologie ?.
Chroniques sylvestres, deux essais de Walter Scott traduits pour la première fois en français, révèlent une facette méconnue du grand romancier. Il était aussi un pionnier de l’économie rurale, un praticien convaincu de l’agrosylviculture.
par Dominique Goy-Blanquet
| Essais, Littérature étrangère
Philip Roth suscite toujours le débat. Si l’essai de Marc Weitzmann est principalement un exercice d’autopromotion, celui d’Ira Nadel met en lumière l’inspiration européenne de l’écrivain. Surtout, la Pléiade publie le troisième volet de l’œuvre de Roth, constitué de quatre romans hétérogènes.
par Steven Sampson
| Essais, Littérature étrangère
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Lézardes, d’Hélène Frédérick, est un livre singulier, récit autobiographique autant qu’essai sur le métier de correcteur. Son écriture à la fois poétique et précise capte immédiatement l’intérêt.