N°
191
191
Journal de la littérature, des idées et des arts 07/02 – 20/02 2024
En attendant Nadeau
Version mojave
Après celle de son Poème d’amour postcolonial en 2022, la traduction en français du premier recueil de poèmes de Natalie Diaz permet de lire sa poésie dans ce qu’elle a de plus féroce. Retour sur le parcours de cette figure littéraire du peuple Mojave, qui déjoue les stéréotypes et inverse les rôles dévoués aux Blancs et aux Amérindiens.
par Sophie Ehrsam
| Poésie
Éditorial
Quand le monde ne tourne pas rond
Les conflits armés, les désordres politiques, les catastrophes économiques, les crises sociales remplissent les pages des journaux, débordent des postes de radio et de télévision… On pourrait parler sans fin des mauvaises nouvelles, de ce qui ne tourne pas rond. Et n’est-ce pas un peu ce que nous faisons, tels des hamsters entraînés dans des roues ? Jusqu’à la nausée, tout le monde a un avis sur tout, parlant, comme dans le vide, de toutes les violences du monde et des angoisses qui nous débordent. Et pourtant, il faut faire face à ces inquiétudes, s’essayer à comprendre un monde bien dangereux.
Sommaire
Vincent Bontems
Au nom de l’innovation. Finalités et modalités de la recherche au XXIe siècle
par Ivar Ekeland
Au nom de l’innovation. Finalités et modalités de la recherche au XXIe siècle
par Ivar Ekeland
Olivier Rolin
Jusqu’à ce que mort s’ensuive
par Sébastien Omont
Jusqu’à ce que mort s’ensuive
par Sébastien Omont
Reconnaître notre monde vivable
La philosophe américaine Judith Butler s’appuie sur la phénoménologie pour comprendre le monde pandémique dans lequel nous vivons. Bien qu’elle ne renouvelle pas radicalement la pensée issue de l’expérience mondiale du Covid-19, sa réflexion est stimulante grâce à sa puissance de synthèse ainsi qu’à la pertinence des textes qui soutiennent son essai.
par Louis Mühlethaler
| Philosophie
Les « filles de l’Est » ne font pas que passer
Écrivaine, performeuse et cinéaste, Elitza Gueorguieva dynamite les stéréotypes. Elle brosse dans Odyssée des filles de l’Est le portrait de deux jeunes émigrées bulgares à Lyon au début des années 2000. Ne nous y trompons pas, au-delà du comique, il faut aussi y entendre un récit politique fort, un texte assumé sur l’identité et la domination.
par Gabrielle Napoli
| Littérature française
Sortilèges dessinés
Considérée comme le fer de lance du renouveau du comics outre-Atlantique, la série Saga arrive au mitan de sa narration. Gigantesque épopée familiale qui oscille entre science-fiction et fantastique, elle témoigne d’une imagination débordante, d’un entremêlement virtuose de réel et de fantaisie, ainsi que d’une dimension sociale et politique évidente.
par Olivier Roche
| Arts plastiques
DOSSIER
Bande dessinée
En attendant Nadeau vous propose un nouveau dossier qui rassemble plus de quarante articles consacrés à l’actualité et l’histoire de la bande dessinée. Une exploration d’univers fascinants, de formes et de récits qui ne cessent de nous surprendre.
par la rédaction d’EaN
|
Archiver la révolte iranienne : entretien avec Chowra Makaremi
Il y a quarante-cinq ans, la révolution iranienne mettait fin au régime du Shah et donnait naissance à celui des mollahs. Dans son livre Femme ! Vie ! Liberté !, l’anthropologue Chowra Makaremi revient sur le grand mouvement de contestation connu par le pays en 2022. Pour rendre compte de la complexité iranienne, elle mêle l’analyse avec un récit plus intime. Elle s’en explique dans un long entretien avec l’historien spécialiste des Kurdes Boris James.
par Boris James
| Sciences humaines
Mon père Wari’
Dans Paletó et moi, l’anthropologue brésilienne Aparecida Vilaça se souvient de l’homme qui était devenu peu à peu son père adoptif parmi la communauté autochtone où elle enquêtait. Son récit profond et drôle fait une histoire intime des bouleversements connus par les Wari’, dans une approche enthousiasmante de l’ethnologie.
par Sven Hansen-Løve
| Anthropologie, Littérature étrangère
Déambulation d’exil
Hisham Matar avait depuis treize ans abandonné le roman. Il y revient avec Mes amis, livre élégant et parfaitement maîtrisé, qui oscille entre jeux de la mémoire et déambulation dans Londres. On y retrouve sa lucidité face aux conflits de l’exil, au déracinement, à la solitude et à l’histoire récente et terrible de la Libye.
par Claude Grimal
| Littérature étrangère
L’apartheid, et après ?
Prix Pulitzer de Non-Fiction 2024 – La violence extrême qui s’abat sur le Proche-Orient depuis le 7 octobre a produit sur beaucoup un effet de sidération tant elle était inattendue. Elle s’inscrivait cependant dans une histoire de longue durée, celle de la séparation « de deux groupes humains vivant l’un à côté de l’autre, voire l’un dans l’autre », rappelle l’historien Shlomo Sand. Tandis qu’il réfléchit à la création d’un État binational, le journaliste Nathan Thrall place le quotidien des populations palestiniennes au cœur de son enquête sur un fait divers révélateur.
par Sonia Dayan-Herzbrun
| Politique
Une revue qui ouvre le réel
Tous les « mooks » ne se ressemblent pas. Attaques #5 n’a rien de l’objet à la mode ou qui joue la carte de la séduction. Sous une forme kaléidoscopique et tous azimuts, cette revue dessine un dialogue labyrinthique qui nous questionne sur notre place dans le monde.
par Maïté Bouyssy
| Littérature française
Faire son œuvre
Au cœur des événements de 1968 paraît L’Œuvre au noir, qui occupe le cinquième volume de la correspondance de Marguerite Yourcenar. C’est autour de cet astre qu’on découvre le cheminement intellectuel et spirituel de l’auteure parmi « le brouhaha des faits extérieurs ».
par Claude Grimal
| Littérature française
Comment Malaurie devint Malaurie
Jean malaurie est mort plus de cent ans le 5 février 2024. Nous republions notre article sur De la pierre à l’âme, son dernier livre qui décrit avec précision la vie des Inuits aux côtés desquels il a vécu et comment ils ont modifié en profondeur sa vision de l’existence.
par Jean-Paul Champseix
| Essais
Contribuez à l’indépendance de notre espace critique
Les derniers articles de notre numéro 190
Concentrations de Vincent
Après Cézanne et Berthe Morisot, Mika Biermann poursuit avec Trois femmes dans la vie de Vincent Van Gogh sa série de courts romans sur les peintres de la fin du XIXe siècle. Avec une grande originalité, il dépasse les clichés, trouve des moyens pour parler sans artifices de la peinture et d’un artiste. Son bref récit, très audacieux, parvient à toucher au nu de la création et à la joie de l’art.
par Sébastien Omont
| Littérature française
Histoire d’une trahison
Porté par une écriture d’une grande liberté, De plomb et d’or de François Jonquet parle d’art et d’artistes. C’est à la fois un portrait magistral de Christian Boltanski hissé au rang d’idole et une satire très réussie des milieux de l’art contemporain.
par Cécile Dutheil de la Rochère
| Littérature française
Dans la marge d’une biographie
En cherchant pourquoi Michel Foucault a dû quitter précipitamment son poste à Varsovie, Remigiusz Ruzinski offre un tableau documenté et passionnant de la vie homosexuelle et de sa répression dans la Pologne communiste.
par Philippe Artières
| Essais
Lectures de jeunesse soviétiques
L’une des premières tâches du régime soviétique fut l’alphabétisation. La réforme scolaire débuta en septembre 1918 et avait pour objectif la diffusion massive de la lecture dans toutes les couches de la société. Le livre de jeunesse fait partie du projet, comme nous le rappelle le bel ouvrage de l’historienne italienne Dorena Caroli.
par Sonia Combe
| Histoire
Bouveresse, Musil et la philosophie
Dans La passion de l’exactitude, essai posthume issu de conférences données en 2008 et 2010, Jacques Bouveresse se plonge dans l’œuvre de Robert Musil. À la lecture de ce texte vif et passionnant, on ne peut s’empêcher de penser qu’il formule, à travers le prisme du grand romancier autrichien, ses propres diagnostics sur son époque.
par Pascal Engel
| Philosophie
Un nouveau Törless
Sous le titre Les égarements de l’élève Törless paraît une nouvelle traduction, due à Dominique Tassel, du célèbre roman de Robert Musil. Sa tension narrative tient au rapport entre le geste destructeur de son auteur et la construction d’un conte philosophique et spéculatif.
par Marianne Dautrey
| Littérature étrangère
Un écrivain français chez les nazis
André Beucler, auteur quasi oublié du roman Gueule d’amour adapté avec Gabin au cinéma, a été l’un des intellectuels et journalistes les plus important des années 30. Dans le contexte actuel, il semble plus qu’utile de lire ses textes d’une véritable lucidité sur une Allemagne qui s’enfonce peu à peu dans le totalitarisme nazi.
par Jean-Luc Tiesset
| Littérature française
Heidegger « historien »
Le cours qu’a dispensé Heidegger à Marbourg durant l’hiver 1926-1927 était consacré à l’histoire de la philosophie de saint Thomas à Kant. À travers cet enseignement, Heidegger montre que l’histoire de la philosophie, loin d’en être un simple appendice, fait partie intégrante de la philosophie elle-même.
par Richard Figuier
| Philosophie
Comment (encore) lire Sylvain Tesson ?
Au-delà de la polémique qui entoure le parrainage par Sylvain Tesson du « Printemps des poètes », on peut se rendre compte de ce qu’écrit Sylvain Tesson en le lisant. Ambitieux d’exprimer les solitudes essentielles et la grandeur de la nature, il ne le fait quasiment que sous forme de clichés faciles.
par Jean-Louis Tissier
| Littérature française
Consultez le second volet du numéro :