Grand entretien avec Christian Jambet
Philosophe et islamologue, Christian Jambet vient de publier un ouvrage magistral sur la conception politique du monde dans l’Islam chiite, dont En attendant Nadeau a récemment rendu compte. Dans un entretien avec Édith de la Héronnière, il revient sur son parcours philosophique et sur son attachement à l’œuvre de Mollâ Sadrâ, le philosophe et théologien iranien du XVIIe siècle, dont la pensée, nourrie de poésie, est plus que jamais indispensable pour la compréhension d’une culture et d’une religion aujourd’hui prises en main par les théologiens juristes et défigurées par des idéologies mortifères. Avec Christian Jambet, nous pénétrons dans les arcanes d’une vision du monde et d’une politique spirituelle dont les fins eschatologiques visent avant tout à la liberté intérieure et à l’unicité de l’humain et du divin.
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propos recueillis par Édith de la Héronnière
Freud et Bleuler, l’impossible compromis
La publication, dans l’excellente traduction de Dorian Astor, des lettres entre Freud et Bleuler est un événement qui vient enrichir notre connaissance de l’histoire de la psychanalyse, de son élaboration théorique et de ses rapports avec la psychiatrie. Elle met aussi en évidence ses constantes difficultés institutionnelles.
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par Michel Plon
Solitude anti-moderne
En scrutant les conditions d’un meurtre commis par une nourrice insaisissable, le deuxième roman percutant de Leïla Slimani décrit en pointillés un air du temps fait d’ennui, d’inquiétude et de tristesse.
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par Pierre Benetti
Et aussi…
Le sentiment géologique
Patrick Chamoiseau raconte dans La matière de l’absence une histoire splendide et vraie, mêlant la fable, les souvenirs, le livre d’histoire, l’ouvrage anthropologique et l’essai ethnographique.
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par Cécile Dutheil
Raison, religion
L’impossible dialogue du sociologue des sciences Yves Gingras fait l’histoire des relations conflictuelles entre sciences et religion et montre comment a émergé la thèse de la compatibilité entre elles.
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par Pascal Engel
Hamlet ou les deux Allemagnes
No Hamlets d’Andreas Höfele interroge la place d’Hamlet dans l’histoire culturelle allemande et son rôle dans certains développements de la pensée de droite extrême.
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par Dominique Goy-Blanquet
Jacques B. Brunius, un surréaliste comme on les aime
« Inventeur du dimanche, cinéaste du lundi, critique du mardi, poète du mercredi, essayiste du jeudi, traducteur du vendredi et acteur du samedi, surréaliste tous les jours de la semaine, Jacques-Bernard Brunius a enfilé tous les costumes, s’est intéressé à tous les sujets, s’est amusé à tous les “métiers”, puisqu’il fut également dessinateur, collagiste, scénariste, chroniqueur radio, conférencier, metteur en scène de théâtre, directeur de collection, monteur, régisseur, producteur… Dans un monde envahi par les experts qui rassurent – où rien ne l’effrayait tant que “ la connerie des techniciens, spécialistes, humanistes et autres bureaucrates de la religion du progrès” – les encyclopédistes de son espèce sont rarement pris au sérieux », déclare Grégory Cingal dans son introduction ; on ne saurait mieux dire !
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par Alain Joubert
Comprendre la Shoah ?
Comprendre le passé est un effort nécessaire pour nous comprendre, rappelle l’historien américain Timothy Snyder, en prologue à Terre noire. Il ne faut pas confondre commémoration et compréhension : « L’histoire de l’Holocauste n’est pas terminée. » Snyder se situe ainsi dans la lignée des grands historiens qui décrivent le crime et cherchent à expliquer les mécanismes qui ont abouti au génocide des Juifs, et de ceux qui en tirent des leçons pour l’avenir. Il nous livre un panorama ambitieux et une argumentation stimulante, quoique discutée.
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par Jean-Yves Potel
L’humour froid de Magritte
Selon Bernard Blistène (directeur du Musée national d’art moderne), Magritte aura été un très grand peintre figuratif de la pensée abstraite. Il aura offert de multiples faux miroirs, des représentations fallacieuses, des allégories ironiques. Son humour froid désoriente. Lorsque Alain Robbe-Grillet regarde La belle captive de Magritte, il affirme : « Je comprends aussitôt que c’est un piège. »
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par Gilbert Lascault