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Journal de la littérature, des idées et des arts 08/10 – 21/10 2025

En attendant Nadeau

Chowra Makaremi. Résistances affectives. Les politiques de l’attachement face aux politiques de la cruauté, Paris, La Découverte, Cahiers libres, 2025 Chahla Chafiq, Un orage de mots. La révolution « Femme vie liberté » dite par celles et ceux qui la font
Les mains des Mères de la place de mai durant une manifestation (Argentine, 2016) © CC BY-SA 4.0/Ferbruno25/WikiCommons

« Just to live »

Résistances affectives, l’essai de l’anthropologue franco-iranienne Chowra Makaremi, et les poèmes de Chahla Chafiq nous aident à penser le présent, à réagir aux violences contemporaines, à mesurer la place des femmes dans les luttes essentielles. Lectures majeures pour résister à la sidération devant les fascismes contemporains.

Éditorial

Autant d’Antigones

Faire face, se dresser devant l’inacceptable, ce qui opprime ou dévitalise : voilà l’idée-force de nombre des livres chroniqués dans ce numéro. Malgré la peur, la force brutale, la défaite probable, le déni infusé comme un stupéfiant. « L’après-vie des révolutions défaites et insurrections brisées, dont la trame moins visible peut nourrir un réveil ultérieur », c’est ce qu’examine Chowra Makaremi dans un profond et émouvant essai, qui fait écho au livre de Chahla Chafiq rassemblant les slogans et poèmes de la révolution « Femme, Vie, Liberté ».

Sommaire

Arthur Koestler
Spartacus
par Isaure Hiace
Jean-Paul Barbe
Retours des Indes. Portrait fantôme d’un négrier
par Sonia Dayan-Herzbrun
Jesmyn Ward Nous serons tempête
La « Grande Maison », de style créole (Whitney Plantation, Nouvelle-Orléans) © CC0/Library of Congress

La saga d’une esclave

Dans Nous serons tempête, Jesmyn Ward raconte l’esclavage d’une adolescente dans le Sud américain dans les années 1830. Son roman magnifique, très maîtrisé, l’impose comme l’une des grandes voix afro-américaines d’aujourd’hui. 
Jesmyn Ward Nous serons tempête
Jesmyn Ward (2022) © Jean-Luc Bertini

Descente aux Enfers : entretien avec Jesmyn Ward

Jesmyn Ward explique la genèse de son beau livre Nous serons tempête. Elle revient sur le travail documentaire qui le nourrit, les ambitions qui le portent et la place qu’il occupe dans son parcours de romancière. 
Yannick Lahens, Passagères de nuit
« Une femme au seuil de sa maison, dans le quartier français » (Nouvelle-Orléans, 1920- 1926) © CC0/Library of Congress

Traverser la nuit

Passagères de nuit, de Yanick Lahens, tisse des liens entre des lieux, une mémoire et des figures féminines qui incarnent une insoumission radicale. Un livre fulgurant, plein de beautés, de souffrances et de magie.
Daniel Maximin, Salves de blues. Caraïbéditions, 353 p., 21,30 €. Philomé Robert, Port-au-Prince Cotonou. Un écho sans retour, Caraïbéditions, 165 p., 17,30 €.
Les 7 membres des Bataillons de la jeunesse fusillés le 9 mars 1942 © CC BY-SA 4.0/Bataillons Jeunesse/WikiCommons

Dissidences caribéennes

Deux romans caribéens revisitent les sombres années 1940. Salves de blues de Daniel Maximin et Port-au-Prince Cotonou de Philomé Robert remettent en lumière avec énergie des figures émancipatrices qu’il faut se rappeler.
Jean-Paul Barbe, Retours des Indes. Portrait fantôme d’un négrier
« Le Négrier », Joseph William Turner (1840) © CC0/WikiCommons

Un navire de papier

Aux confins de la fiction et de l’histoire, Jean-Paul Barbe reconstitue, dans Retours des Indes, la vie quotidienne des hommes soumis à la traite négrière. Et il restaure ainsi toute leur humanité.
Arthur Koestler , Spartacus
Arthur Koestler inaugure une exposition à la galerie Mokum (Amsterdam, 11 janvier 1969) © CC0/Archives nationales des Pays-Bas

Retraduire Spartacus

Réalisée à partir de l’original allemand, la nouvelle traduction du Spartacus d’Arthur Koestler est plus que bienvenue. Brillante, incisive, elle rend superbement justice à un texte majeur des années 1930.
Le Paradoxe français, Une nouvelle histoire de la France contemporaine, Emile Chabal,
« Histoire d’un coq et d’un boeuf », Piercy Roberts (1803) (Détail) © CC BY-NC-SA 4.0/The Trustees of the British Museum.

Terre de paradoxes

Pour comprendre les Français, quoi de plus éclairant qu’un regard étranger ? Rien, comme le montre l’ouvrage qu’Emile Chabal, professeur d’histoire contemporaine à Édimbourg, consacre aux contradictions et aux divisions qui caractérisent notre pays.
Stéphanie Hennette Vauchez et Antoine Vauchez Des juges bien trop sages
Jean-Louis Debré, alors président du Conseil Constitutionnel (2012) © CC-BY-4.0/Richard Barry/Flickr

Les gardiens de la République

Des juges bien trop sages, de Stéphanie Hennette Vauchez et Antoine Vauchez, est un livre fort utile en ces temps de confusion politique. En clarifiant le rôle du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel, il nous aide à réfléchir utilement sur le sens de la démocratie. 
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László Krasznahorkai, Petits travaux pour un palais
László Krasznahorkai (2023) © CC-BY-SA-4.0/Miklós Déri/WikiCommons

Sauve qui peut ! 

Voulons-nous savoir vraiment ce qu’est la littérature ? Banco ! Lisons le dernier ouvrage de László Krasznahorkai, d’évidence l’un des très grands auteurs de notre temps : Petits travaux pour un palais. C’est prodigieux de puissance et de beauté.
Lászlό Krasznahorkai, Seiobo est descendue sur terre. Lászlό Krasznahorkai, Seiobo est descendue sur terre. En attendant Nadeau
Lászlό Krasznahorkai © Olivier Roller

Du monde remplacé par un livre

Le baron Béla Wenckheim revient dans sa ville natale de Hongrie. On le croit riche, mais il s’est ruiné dans les casinos argentins : sur ce quiproquo se construit un chef-d’œuvre… Bien peu de livres sont aussi drôles et intelligents que le nouveau roman du grand László Krasznahorkai.
Lászlό Krasznahorkai, Seiobo est descendue sur terre
Lászlό Krasznahorkai, Seiobo est descendue sur terre

Pauvres parias

Lire Krasznahorkai, c’est accepter la désorientation. C’est à cette expérience qu’invite Linda Lê en nous entraînant dans l’univers de l’un des écrivains européens les plus stimulants.
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Philippe Hanus, Carte de séjour : Un groupe rock dans la « douce France » des années 1980, Le Mot Et le Reste
« Carte de séjour », Philippe Hanus (Détail) © Le Mot Et le Reste

Douce France ?

Philippe Hanus retrace la trajectoire des membres du groupe de rock Carte de séjour. Il dresse le portrait sensible d’une aventure musicale, de la France des années 80, des vigoureuses luttes antiracistes de l’époque et d’un engagement militant radical.
Guillaume Poix ; Perpétuité, Verticales.
« Un plan qui se déroule sans accroc » (Strasbourg) © CC0/Zéphyrios/Flickr

La pénitentiaire recrute

Les fictions qui explorent l’univers carcéral semblent bien à la mode. L’approche et le ton de Guillaume Poix semblent trop sociologiques, trop psychologiques, trop bavards et trop univoques. Décidément, écrire la prison n’est pas si facile.
Salon de la revue 2025
« Sans titre », Francis Picabia (1948) © CC0/WikiCommons

Salon de la revue 2025

Le Salon de la revue, dont EaN est partenaire, se déroule ce week-end des 11 et 12 octobre. C’est l’occasion de dialoguer avec ceux et celles qui font les revues, d’entendre leurs points de vue, de mieux comprendre leur travail et la valeur de ce qu’ils s’obstinent à faire contre vents et marées. Un panorama en cinq volets d’entretiens.