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Journal de la littérature, des idées et des arts 23/08 – 05/09 2023

En attendant Nadeau

Pascal Quignard, Dans ce jardin qu’on aimait
Pascal Quignard © Jean-Luc Bertini

Les grands espaces d’un solitaire 

Depuis la parution de son premier livre en 1969, Pascal Quignard impressionne par le nombre de ses publications comme par leur étourdissante diversité. Entre proses et essais, sa série Dernier royaume ouvre à de vastes horizons de pensée et donne matière à d’incessants commentaires. Alors, sous quel angle analyser et comment entendre ces Heures heureuses, douzième volume d’un ensemble qui semble infini ?

Éditorial

Retours de rentrée

Avec ses nouveaux livres, ses débats et son étonnante régularité, la rentrée littéraire revient. S’il y a une saison pour la littérature, c’est bien celle-là. En quittant horloges et calendriers pour se placer dans un temps circulaire plus proche de notre vie intérieure, Pascal Quignard fait du nouveau tome de son Dernier royaume le lieu du recommencement. C’est avec ces très belles Heures heureuses que s’ouvre la rentrée d’EaN, mais aussi avec le western amoureux de Maria Pourchet, dont le personnage choisit plutôt la fuite en avant.

Sommaire

Pascal Quignard
Les heures heureuses
par Marie Etienne
Maria Pourchet
Western
par Oriane Delacroix
"Des indésirables. Ouatre manières de traiter un embarras", de Jean-Michel Rey
Centre de rétention administrative du Canet à Marseille © Benoît Guillaume/Wikimedia

Tentatives d’effacement

Le nouveau livre de Jean-Michel Rey, Des indésirables. Quatre manières de traiter un embarras, est une réflexion sur diverses tentatives d’effacement – des Juifs, des protestants, des enfants – dont certaines ont pu mener à la pure et simple extermination.

Portrait de Lidia Jorge "Misericordia",
Lídia Jorge © Jean-Luc Bertini

Être vivant jusqu’à la mort

Avec son récit intitulé Misericordia, Lídia Jorge rappelle avec force et poésie que les plus anciens d’entre nous ont une vie bien à eux, qui n’a pas moins d’intérêt ou de richesse que la vie de n’importe qui d’autre, et que leur présent n’est pas moins important que leur passé.
Portrait de Pierre Alferi
Pierre Alferi ©Anne-Lise Broyer/P.O.L

Pierre Alferi, l’affranchi

Tiphaine Samoyault rend hommage à Pierre Alferi, disparu en août 2023, un auteur qui, selon elle, n’a cessé de prouver qu’il y a toujours de l’espace pour qui sait s’affranchir des assignations et qui a toujours refusé ce qui aurait l’apparence d’une certitude ou d’un contrôle.
"Orchidéiste", de Vidya Narine (détail) © Les Avrils
« Orchidéiste », de Vidya Narine (détail) © Les Avrils

Cœur d’orchidée

Orchidéiste, premier roman de Vidya Narine, dont le personnage principal et narrateur est un fleuriste, va et vient entre plusieurs domaines : l’évocation horticole, la satire sociale (légère), le récit familial et personnel, une réflexion sur la transmission.
Illustration pour "Les naufragés du Wager", de David Grann
« Le Naufrage », Joseph Vernet (1772) © CC0/National Gallery of Art

Avis de tempête littéraire

Les naufragés du Wager, de David Grann, se présente comme un magnifique roman d’aventures dont l’intrigue, fascinante à bien des égards, est menée tambour battant. Il se double d’une réflexion très contemporaine sur l’essence et le rôle des récits dans nos sociétés.
Portrait de NoViolet Bulawayo pour Glory
NoViolet Bulawayo © Autrement

Incantation pour la souveraineté du peuple

Dans Glory, l’écrivaine zimbabwéenne NoViolet Bulawayo raconte l’histoire d’un pays fictif peuplé d’animaux, le Jidada. Elle signe un récit où l’humour le dispute à l’horreur, et qui résonne avec les questions d’hier et d’aujourd’hui.

Illustration pour Western de Maria Pourchet
Sans titre © CC BY 2.0/Caleb Roenigk/Flickr

L’amour à l’ouest

Depuis dix ans, Maria Pourchet élabore, avec une voix très singulière et un implacable sens de l’observation, une réflexion sur le désir, la violence, et la liberté. La satire que Western fait de notre époque est brillante : elle montre combien il est difficile de prendre part à l’élaboration d’une nouvelle morale sans devenir le personnage grotesque d’une grande farce.

Portrait de Dea Liane, chez elle (14/04/2023) © Patrice Normand
Dea Liane © Patrice Normand

Une vie infiniment obscure

Georgette est le premier roman de Dea Liane. Le personnage principal en est une servante au grand cœur, une jeune fille ne sachant ni lire ni écrire, qui donne le biberon, coiffe, habille, joue, accompagne, console.
"Tumeur ou tutu", de Léna Ghar © Gallimard
« Celestica » © CC BY 2.0/Jack/Flickr

Et la parole s’est faite nombre

Tumeur ou tutu, de Léna Ghar, est un premier roman magistral. Récit de violence, d’amour et de chair, il exprime, en recourant notamment à de nombreux néologismes, une vision du monde marquée par une attention aiguë aux sensations du corps.

Pour Le laboratoire des cas de conscience
« Entrée de librairie » ©CC0/Flickr

Pour une littérature en conscience

La capacité de la littérature à modifier le réel révèle ce qu’elle est : une expérience en même temps que le lieu d’un questionnement éthique ou politique. Tel est le sujet qu’abordent les essais de Frédérique Leichter-Flack et d’Emmanuelle Loyer, ainsi qu’un récit de Justine Augier.
"Dans la mesure de l'impossible" © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon 2023
« Dans la mesure de l’impossible » © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Femmes, on vous aime ! 

Dominique Goy-Blanquet rend compte de la soixante-dix-septième édition du festival d’Avignon, la première sous la direction de Tiago Rodrigues, qui a accueilli un grand nombre d’inconnus, et fait une large place aux femmes – artistes, pionnières, modèles, victimes de violences sexistes ou racistes.
"Cette condenserie", de Lorine Niedecker © Corti
Montana © Jean-Luc Bertini

Sédentarités de la poésie américaine

Cette condenserie, recueil de textes de la poétesse américaine Lorine Niedecker (1903-1970), révèle une autrice dont le but est la simplicité et que caractérisent le dépouillement et une forme de mysticisme sauvage.

Musil et la contingence

Dans Le songe est une vie : Robert Musil, l’écriture et le féminin, Marie-Anne Lescourret analyse, avec le même esprit critique que l’auteur de L’homme sans qualités, les idées complexes mises en œuvre dans ce roman monumental, leur rapport avec ses personnages  et avec Musil lui-même.

Qu’est-ce qu’être américain ?

Comment résumer les États-Unis ? Trois publications récentes ­­– dont deux « made in France » et l’autre venant d’Irlande – prennent le pays par divers bouts, à travers l’analyse des comportements individuels, des produits alimentaires et de l’industrie cinématographique. Une chose est sûre : on continue à consommer l’Amérique, bien qu’elle soit parfois indigeste.

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