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Journal de la littérature, des idées et des arts 19/07 – 25/07

En attendant Nadeau

Soleil, pavage typographique or
Soleil © Delphine Presles

Littératures sous le soleil

Le deuxième volet du « Soleil » fait la part belle à la littérature. L’imagination jaune-néo-roman de Maurice Mourier croise celle de Jérôme Meizoz, caniculaire. Elle s’en va vers un théâtre de feu aux couleurs myriam-marzoukiennes et vers une traversée colorée de l’art des devises et de la poésie concrète, signée Emmanuel Rubio. Mais elle ne pouvait se passer de la géographie honorée par un chaleureux Jean-Louis Tissier. Ni de la philosophie occidentale, née en Grèce, pays de soleil, d’ombres et de cavernes.

Éditorial

Sous le soleil exactement

« Le soleil est nouveau tous les jours », écrit Héraclite. Et, comme lui répondant, Ludwig Wittgenstein assène : « Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse. » C’est entre ces deux pôles que l’équipe d’En attendant Nadeau vous propose un hors-série consacré au soleil. Une manière d’explorer la fascination qu’exerce sur nous cet astre ambigu, les images qu’il fait surgir, sa place dans nos vies et nos imaginaires. Un panorama chatoyant conçu par Cécile Dutheil de la Rochère à découvrir chaque mercredi du 12 juillet au 16 août.

Sommaire

Christos A. Chomenidis
Le Phénix
par Ulysse Baratin
Marcel Jaeger
Principes et pratiques d’action sociale. Sens et non-sens de l’intervention sociale.
par Aissa Kadri
"Soleil cou coupé" par l'hyptontype pour le dossier Soleil de Emmanuel Rubio
« Soleil cou coupé », ER / @lhypnotype, 2023

Soleil concret

Et si les courses de têtes du Roi-Soleil avaient offert un poème cinétique concret, dont ne s’approchent aujourd’hui que les manifestations de rue ? Autour, cette fois, d’un « soleil cou coupé » assurément plus sombre. Approche double, critique et concrète, d’un renversement d’astre, signée Emmanuel Rubio, à qui aucune des facettes de la lettre n’échappe.

Gare de Sant'Ilario
Gare de Sant’Ilario © CC 1.0/Claudio Bertolesi/Flickr

Canicules italiennes

Est-ce parce qu’il est suisse ? Parce qu’il est Jérôme ? Parce qu’il est Meizoz ? Parce qu’il est écrivain et professeur de lettres ? Quoi qu’il en soit, il a un imaginaire et un rythme envoûtants que cristallise le petit conte caniculaire qui suit.

«Depuis la porte » ©CC BY 2.0/Christina Sanvito/Flickr

Il faut qu’une fenêtre soit ouverte ou fermée

Deux plages solaires encadrent  – enserrent ? – une plage plutôt nocturne. L’ensemble composite a peut-être un sens. Sauras-tu le trouver dans l’image ? La question vous est posée par l’écrivain Maurice Mourier imaginant une maison traversée par un soleil rose et changeant, des enfants, des amants, un chat.

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Roger Dérieux, Ardèche
Roger Dérieux, « Ardèche » (1999) © DR

Où le soleil a rendez-vous avec la géo

Les lignes que vous allez lire sont une rêverie savante, née de l’esprit de Jean-Louis Tissier, géographe plein de connaissances et d’humour. Sous sa plume éclairée, se déroule un inventaire qui traverse le temps et les continents suivant les courses du soleil autour de la Terre. Une manière de définition de ce qu’est la géographie.

Rembrandt, « Philosophe en méditation » (1632) (détail) © CC 1.0/Wikipedia

Le soleil grec, condition de la connaissance

Le destin de la philosophie grecque est indissociable du soleil. Condition de toute visibilité, le soleil y occupe une place centrale dans le domaine de la connaissance où il est l’incarnation physique du critère du savoir, et dans le domaine politique où il participe de la publicité propre au régime démocratique grec athénien. Le voici qui brille sous la plume d’Emma Carenini, professeur de philosophie.

Photo du spectacle Nos ailes brûlent aussi
« Nos ailes brûlent aussi » de Myriam Marzouki, à la MC93 de Bobigny © Christophe Raynaud De Lage

Les nouvelles ailes d’Icare : entretien avec Myriam Marzouki

À l’heure où nous écrivons, s’achève la tournée de Nos ailes brûlent aussi, une pièce écrite par Sébastien Lepotvin et Myriam Marzouki, qui l’a également mise en scène. Le soleil et le feu n’y sont plus seulement des images, ni des objets scientifiques. Ils y sont des objets brûlant sur un plateau, porteurs d’une lumière inattendue sur l’histoire récente de la Tunisie.


À la Une du n° 178

Portrait de Louis Jouvet dans l'Ecole des femmes pour Louis Jouvet l'Art du théâtre
Louis Jouvet dans « l’École des femmes » © CC0/ Wikimedia

Secrets de Knock

Alors que le festival d’Avignon bat son plein, Dominique Goy-Blanquet revient sur l’importante publication des deux volumes de L’art du théâtre qui collectent quelque neuf cents pages de notes de travail, d’entretiens, de conférences, d’articles de journaux ou encore de préfaces dus à Louis Jouvet. Passionnants volumes qui constituent un portrait de l’artiste et véritable art du comédien.

Autoportrait de Ferdinand Hodler pour Valentine de Ferdinand Hodler
« Autoportrait aux yeux écarquillés III », Ferdinand Hodler © CC0/Wikimedia

Voir mourir Valentine

Qu’est-ce qui a pu pousser le peintre suisse Ferdinand Hodler (1853-1918) à entreprendre de représenter minutieusement l’agonie et la mort de sa maîtresse ? Les deux volumes de Valentine reproduisent ses dessins et nous conduisent, grâce à la publication de nombreux documents, à nous interroger sur les ambiguïtés de l’artiste.

Couverture de Conversations, de Steve Reich
« Conversations », de Steve Reich © Allia

La parole est aux musiciens

Ces derniers mois, la musique a bénéficié d’une véritable effervescence éditoriale. Pierre Tenne entreprend d’examiner quelques-uns des textes écrits par les musiciens eux-mêmes, en particulier les Conversations de Steve Reich.

Portrait de Peter Heller © Jean-Luc Bertini
Peter Heller © Jean-Luc Bertini

Une littérature du trajet : entretien avec Peter Heller

Dans l’entretien qu’il a accordé à Steven Sampson à l’occasion de la parution française de son cinquième roman, Le guide, l’écrivain américain Peter Heller parle de son amour de la nature et de la pêche et déclare que la musique et le langage l’intéressent davantage que l’intrigue.

Portrait de Gramsci
Gramsci © CC0/ eugeniohansenofs/ Pixabay

Gramsci, la guerre, la vie

Une biographie et un recueil d’articles nous permettent de mieux comprendre la pensée complexe d’Antonio Gramsci, un auteur souvent invoqué dans le débat public sans qu’on mesure à quel point il est un philosophe de la praxis, c’est-à-dire de l’action collective.

Pour les romans de Lehane, Vargas, Valesi et Persson
What is life? An illusion, a shadow, a story. © CC BY 2.0 / Sundaram Ramaswamy/ Flickr

Vieux de la vieille

Pur la livraison estivale de sa chronique « Suspense », Claude Grimal nous propose quatre lectures de romancier qui n’ont plus leurs preuves à faire. A chacun selon son goût, ses lieux, son ambiance, son genre de polar : le bostonien Dennis Lehane, Fred Vargas et son commissaire fétiche Adamsberg, le Parme de Valerio Valesi ou le Stockholm de Leif GW Persson.

Couverture de Que s'est-il passé de Hanif Kureishi © Editions Christian Bourgeois
« Que s’est-il passé ? » de Hanif Kureishi © Editions Christian Bourgeois

De l’écriture comme sport de combat

Que s’est-il passé ? est un recueil comprenant à la fois des essais dans lesquels Hanif Kureishi radiographie l’esprit du temps et des nouvelles où il s’interroge notamment sur la nature de l’art et sur la part sombre que chacun a en soi.
L'inexploré de Baptiste Morizot, errance cartographique
« Errances cartographiques dans notre temps mythiques », dans « L’inexploré » de Baptiste Morizot © Wildproject

Encore un effort pour être « éthopublicain »

Dans L’inexploré, Baptiste Morizot se demande comment instituer des pratiques qui permettent au vivant de jouer son rôle dans l’établissement de l’habitabilité terrestre. Pour cela, il faut remettre en cause le paradigme de l’exceptionnalité de l’espèce humaine.
Pour Les racines libertaires de l'écologique politique de Patrick Chastenet
Convergence ( 2007) © CC BY 2.0/The Wandering Angel/Flickr

Cinq précurseurs de l’écologie politique

Dans Les racines libertaires de l’écologie politique, Patrick Chastenet analyse l’œuvre de cinq penseurs qui ont apporté une contribution précieuse à la naissance d’une écologie sociale et libertaire : Élisée Reclus, Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich et Murray Bookchin.
Affiche des Soulèvements de la Terre pour On ne dissout pas un Soulèvement de la Terre
© Les Soulèvements de la Terre

Défense et illustration des communs

Les très nombreux contributeurs de l’ouvrage collectif On ne dissout pas un soulèvement dénoncent la dissolution des Soulèvements de la Terre, dont la prétendue violence doit être relativisée. Ils montrent comment ce mouvement a pu amener des gens venus d’horizons très divers à travailler ensemble.

Attraper Maus

Le monde de Maus réunit une vingtaine d’articles consacrés au célèbre roman graphique d’Art Spiegelman, œuvre révolutionnaire par sa forme comme par sa manière de traiter de la Shoah.

Les « maos » et les « situs »

D’un côté, les maoïstes ; de l’autre, les situationnistes. Deux livres, dus respectivement à Gabriel Perez et à Frank Perrin, racontent les refus et les échecs de deux groupes qui furent influents dans les années 1960-1970.

Retraduire Zorn

Olivier Le Lay vient de retraduire Mars de Fritz Zorn. En parallèle de la lecture de Jean-Luc Tissent, Saure Hiace l’a interrogé sur son rapport à ce texte et sur ce que son expérience du traduire signifie pour lui.

Consultez le troisième volet du numéro :