Une réponse d’Annie Duprat

Je suis très surprise du compte rendu fait par Maïté Bouissy d’un ouvrage [Les affaires d’Etat sont mes affaires de cœur. Lettres de Rosalie Jullien, 1775-1810, Paris, Belin, 2016]  car plusieurs phrases prêtent à mauvaise interprétation. Je tiens à préciser les choses par le présent droit de réponse, en reprenant les phrases de Maïté Bouissy.

« Lettres jamais republiées depuis 1881 » : en fait, jamais publiées du tout, comme il est expliqué dans l’introduction, tant les éditions successives [Lockroy, 1881 ; Gascar, 1979 ; Parker, 2013] sont partielles, Lindsay Parker ne publiant que quelques rares extraits de lettres traduites en anglais.

« Tant est défectueux le système des notes » : M. Bouissy n’a pas vu qu’un index très détaillé permettait d’identifier les personnes citées, les notes infrapaginales ayant pour objet de donner au lecteur, pas nécessairement spécialiste d’histoire de la Révolution française, les explications nécessaires à la compréhension immédiate de la page ou mentionnant le cas où je n’ai pas pu trouver d’information (dix notes en tout concernant Masquinet, Pestel, Martin, Laplace, Proli, Fourcade, Campain, Gewis, Avon).

Imaginer que les coupes dans le texte, dont je m’explique en introduction – seraient dues à une vision genrée (« En aurait-on fait autant s’il s’était agi du moindre homme politique parlant de ses propriétés ? ») est inepte car les coupes ne portent que sur des répétitions, lassantes pour le lecteur.

La postface de Jean Sauvageon rappelle qu’il existe un corpus de lettres Jullien à Moscou : aucune n’a été « agrégée », comme l’écrit M. Bouissy, au corpus de Paris exploité ici. Je renvoie à l’excellent article d’Odile Krakovitch, « Un cas de censure familiale : la correspondance revue et corrigée de Rosalie Jullien, 1789-1793 », Histoire et archive, n° 9, 2001, p. 81-123.

« Mais à trop vouloir publier (dans le temps), on saccage l’apport réel de ce qui incombe à une femme éminemment politique, répétons-le, et partisane dans ses choix, sa sensibilité, ses formules et ses revirements » : j’avoue ne pas comprendre le sens de cette remarque. Regretter des coupes dans le texte et ensuite regretter de « trop vouloir publier (dans le temps) » au risque de voir l’évolution d’une sensibilité face aux événements est pour le moins contradictoire !

Annie Duprat

26 février 2017