Une réponse d’Alya Aglan

Le choix de rendre compte de trois publications en une seule foulée pourrait se justifier s’il ne s’agissait pas de types d’ouvrages fort différents. Mêler la critique d’une synthèse de plus de 700 pages, parue directement en format poche, et deux témoignages de contemporains de la Seconde Guerre mondiale, pose un problème de méthode et d’équité de traitement, révélé par la soudaine rupture de ton dans la recension, qui procède d’un curieux ressentiment. Quel rapport entre le journal d’un intellectuel fuyant les persécutions, un recueil d’articles d’une journaliste qui écrit depuis les États-Unis, et un travail universitaire, résultat d’une bonne vingtaine d’années de recherches, de lectures et de réflexions ? Il s’agit incontestablement d’une erreur de lecture, voire d’une négligence intellectuelle. En effet « l’élargissement de la focale », annoncé dans l’introduction de La France à l’envers, ne se vise pas le destin des peuples colonisés et leurs rapports conflictuels avec la France mais cherche à inclure, dans une histoire de la France occupée, le poids des territoires coloniaux dans la guerre. Dans l’Empire se projettent les enjeux majeurs de rivalités internes exacerbées par des conflits de légitimités. C’est là que s’expérimentent sans entrave les politiques répressives et persécutrices de la « Révolution nationale ». Le propos n’est nullement de s’inscrire dans une histoire militante de l’oppression coloniale et des guerres de libération mais de comprendre les déchirements internes qui marquent ce pan de l’histoire de France et prennent, à bien des égards, l’aspect d’une guerre civile. Cette question, qui taraude les contemporains, constitue le propos central de l’ouvrage.

Alya Aglan