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Journal de la littérature, des idées et des arts 03/12 – 16/12 2025

En attendant Nadeau

Pierre Michon, Agéladas d’Argos
Pierre Michon © Jean-Luc Bertini

Peut-on se fier à la parole de Michon ?

Pierre Michon continue de nous surprendre ! La preuve, il se lance dans l’écriture théâtrale. Mais son Agéladas d’Argos. Contre Thèbes n’est pas une pièce comme les autres. Débordante d’érudition et de jouissance verbale, elle nous refait plonger dans les obsessions d’un écrivain qui interroge une grande œuvre. 

Éditorial

Libertés du Nord au Sud

En ces temps où elle est menacée, défendons la liberté. Pas celle d’entreprendre, la vraie. Entre autres, la liberté d’écrire, après une rentrée d’août-septembre où, surtout en littérature française, les maisons d’édition, pour beaucoup propriétés de potentats réactionnaires, ont publié principalement des livres centrés sur l’intime, l’histoire familiale, les pères, les mères. Et très peu de romans sur les questions sociales ou politiques, sur le travail. Peu d’audaces formelles ou narratives non plus. Hasard ? Consignes ? Prudence ? Chacun jugera.

Sommaire

Jérémie Koering
Enquête sur Les Ménines. Velázquez et le regard du roi
par Paul Bernard-Nouraud
Jens Christian Grøndahl
Au fond des années passées
par Marc Lebiez
Rosa Liksom, Le fleuve. Trad. du finnois (tornédalien) par Anne Colin du Terrail. Gallimard, coll. « Du monde entier », 304 p., 23 € Leena Krohn, Datura. Trad. du finnois par Claire Saint-Germain. Zulma, 256 p., 21,50 € Katariina Vuori, Le capitaine fantôme
Au coin du feu. L’homme met un remplacement. « Hupi » a suivi son maître dans trois guerres, photo de Luutnantti Kim Borg (Valokuvaaja, 1944) © CC BY 4.0/Musée militaire de Finlande/Finna

En Finlande, c’est-à-dire ailleurs

Si la littérature finlandaise est souvent perçue comme périphérique, il suffit de lire ensemble les livres de Rosa Liksom, Leena Krohn et Katariina Vuori pour se convaincre du contraire et découvrir qu’elle propose un décentrement essentiel et intense, loin des certitudes et des identités gelées.
Les Mondes du Nord. De la Préhistoire à l'âge viking, Vivien Barrière, Stéphane Coviaux,  Alban Gautier, Anne Lehoerff
Les Normands conduits par Rollon assiègerent Paris en 885. Gravure dans « La France et les Francais a travers les siècles » (1884) © CC0/WikiCommons

Une histoire globale du Nord

Les mondes du Nord, ouvrage aussi clair qu’érudit, décale notre regard sur les mondes du Nord qui vont de la Bretagne à la Finlande. Redécouvrons un vaste espace qui doit regagner l’importance culturelle qu’il mérite.
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Adieu à l’arbre, Tarjei Vesaas
« Matin de mars », Nikolai Astrup (1920) (Détail) © CC0/WikiCommons

Un fleuve court sous l’arbre

Tarjei Vesaas n’est pas seulement un grand prosateur encore trop méconnu, c’est aussi un auteur prolixe de théâtre. Son superbe Adieu à l’arbre, magique et grave, condense tous les mystères d’une œuvre.
Jens Christian Grondahl Au fond des années passées
Jens Christian Grondahl © Jean-Luc Bertini

Les années perdues

Les romans de Jens Christian Grøndahl inventent un puissant sentiment de familiarité avec le lecteur. Au fond des années passées trouve cet équilibre fragile qui permet à l’écrivain de toucher à l’esprit de notre temps.
Camille Froidevaux-Metterie (dir.), Théories féministes
Une femme face à la mer (Lituanie) © Jean-Luc Bertini

Pour une réinvention du monde

Théories féministes, ouvrage dirigé par Camille Froidevaux-Metterie, dresse un ambitieux panorama des concepts majeurs de la pensée féministe. Un projet de transformation radicale s’y dessine : celui de renverser l’ordre patriarcal du monde.
Jérémie Koering, Enquête sur Les Ménines. Velázquez et le regard du roi,
« Les Ménines », Diego Velázquez (1656) © CC0/WikiCommons

Peindre la durée

Des milliers d’études ont été consacrées aux Ménines de Velázquez. Cela n’empêche pas Jérémie Koering de nous prouver qu’il y a beaucoup encore à dire sur ce chef-d’œuvre.

Le Palmier, Valentine Goby
« Le jardin », Pierre Bonnard (vers 1936) © CC0/Paris Musées/Musée d’Art moderne de Paris

Le monde de Vive

Avec Le palmier, Valentine Goby poursuit une œuvre sensible et rare. Portée par une grande empathie, elle raconte l’apprentissage de la vie d’une petite fille, les moments et les expériences qui fondent son univers. 
Et là je me mets en danseuse, Vincent Broqua Anne Portugal
« La Vie au grand air : revue illustrée de tous les sports », Pierre Lafitte (1920) (Détail) © Gallica/BnF

Le gai soulèvement

La longueur ne fait rien à l’affaire… Si Et là je me mets en danseuse est un très bref essai d’Anne Portugal et Vincent Broqua consacré à Balalaïre d’Alain Guiraudie, il n’en est pas moins remarquable.
Gaiamen,  Vincent Broqua
« Gaiamen », Vincent Broqua © g_ehrwein/Les Presses du Réel

L’héroïque queer balance son son

Gaiamen est un poème polyphonique issu de la traduction sonore anglophone que David Melnick a donnée de l’Iliade. Proposition orgiaque et poétique, le texte de Vincent Broqua avale son lecteur ou sa lectrice.
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Walid Daqqa, Le secret de l’huile
« Le secret de l’huile », de Walid Daqqa © Dessins de Ram Sallam/Terrasses éditions

Conte palestinien

Le secret de l’huile, conte écrit par le Palestinien Walid Daqqa en prison, ne s’adresse pas qu’aux enfants. Il porte un regard lucide sur la violence en Palestine et fait briller quelques lueurs d’espoir. 
D’une Grèce l’autre, Jacques Lacarrière
Théâtre d’Épidaure. Photo prise en juillet 1965 avant une représentation. Des militaires entourent la scène et parcourent les gradins © CC BY-SA 4.0/Codex/WikiCommons

Le passeur philhellène

Les articles de Jacques Lacarrière réunis dans D’une Grèce l’autre révèlent un incomparable passeur. Son enthousiasme amoureux donne le désir vif de se plonger dans la culture grecque.
Hend Jouda, Gaza ô ma joie
Poster d’Adnan al-Zubaidy, publié par le Front populaire de libération de la Palestine (1990) © CC0/WikiCommons

Une fleur dans un tas d’aiguilles

Hend Jouda est l’une des voix les plus fortes de la poésie palestinienne actuelle. Dans Gaza ô ma joie, elle puise dans le vécu des femmes gazaouies pour dire autant l’indignation face aux massacres que le vacillement des corps et les soubresauts de la passion amoureuse. Elle y parvient en trouvant un équilibre magistral. 
Violaine Lison avec les carnets de tranchées de Léonce Delaunoy
Violaine Lison avec les carnets de tranchées de Léonce Delaunoy © Jacques Vandenberg

Laisser hurler le silence

À partir des carnets d’un soldat belge, Violaine Lison signe un livre subtil et lumineux en forme d’enquête sur la guerre, l’amitié, l’amour, la jalousie. Mais elle interroge aussi la mémoire, l’effacement et les questions qui surgissent d’une confrontation avec les traces du passé. 
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Une bibliothèque à l’envers

À partir de l’histoire d’un vol dans une bibliothèque qui semble tout droit sorti d’un roman policier, le journaliste David Le Bailly entreprend une enquête qui pourrait fasciner. Mais son Affaire Bélias manque sa cible et fait preuve d’une légèreté problématique. 

En bref

Que l’on parle d’anthropologie ou que l’on se fasse biographe d’Erik Satie, que l’on rédige des reportages ou que l’on tienne ses carnets intimes, on semble ne jamais finir de chercher à dire justement la singularité des êtres.

Une histoire du sionisme

S’intéresser à la naissance du sionisme, à son histoire complexe, comprendre comment ce mouvement s’est nourri des appétits impérialistes et géopolitiques des grandes puissances européennes, semble aujourd’hui plus qu’utile.