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Journal de la littérature, des idées et des arts 10/09 – 23/09 2025

En attendant Nadeau

La maison vide Laurent Mauvignier
Laurent Mauvignier @ Jean-Luc Bertini

Résistance de la littérature

La maison vide de Laurent Mauvignier est un livre puissant. Lucide, réfléchi, complexe, il parvient à interroger la langue, le temps, le passé et la manière de raconter. Il affirme surtout le pouvoir du langage et la capacité incroyable de la fiction à résister. 

Éditorial

Les âniers de l’apocalypse

10 septembre… À l’heure où la défense obtuse des intérêts des nantis a poussé la France dans l’impasse, à celle où les Erostrate incendiaires des recettes publiques jouent les Cassandre, il est bon de se plonger dans les livres pour sentir ce qu’ils font résonner en nous de politiquement intime et juste. Laurent Mauvignier, avec La maison vide, use de toutes les ressources de la dilatation du récit pour donner aux mots un poids rarement vu.

Sommaire

Anthony Passeron
Jacky
par Roger-Yves Roche
Sarah Blaffer Hrdy
Le temps des pères. Une histoire naturelle des hommes et des bébés
par Thibault Le Texier
La maison vide, laurent mauvignier
Le clocher de l’église Saint Waast de La-Bassée © CC BY-SA 2.0/Pierre André Leclercq/Flickr

« Un cœur noir, secret » : entretien avec Laurent Mauvignier

Alors que paraît La maison vide, nous vous invitons à lire des extraits d’un entretien que Laurent Mauvignier a accordé à la revue La Femelle du Requin en 2022. Une manière d’interroger une œuvre majeure et le travail d’un écrivain lucide. 
Antonythasan Jesuthasan Salamalecs Le corbeau qui m'aimait, Abdelaziz Baraka Sakin
Abdelaziz Baraka Sakin (à gauche) et Antonythasan Jesuthasan (à droite) © Jean-Luc Bertini

La seule histoire qui existe

Pour dire l’exil, les romans du Tamoul Antonythasan Jesuthasan et du Soudanais Abdelaziz Baraka Sakin bouleversent la chronologie comme la cohérence du récit. Deux grands écrivains mobilisent toutes les ressources d’une prose incendiaire chez l’un, aérienne chez l’autre.
V.V. Ganeshananthan, Dans la nuit solitaire,
Un marché à côté du château d’eau de Kilinochchi, détruit durant la guerre civile (2010) © CC-BY-2.0/ Indi Samarajiva/WikiCommons

Tristes tigres

Dans la nuit solitaire, de V. V. Ganeshananthan, nous plonge dans la guerre civile du Sri Lanka. Un roman d’apprentissage qui est aussi un récit historique oscillant entre un profond désespoir et un élan épique frappant.
Anthony Passeron, Jacky,
Pac Man © CC BY-SA 2.0/gamerscoreblog/Flickr

Game Boy

Après le succès des Enfants endormis, qui mêlait son histoire familiale à celle des années sida, Anthony Passeron signe Jacky, récit de la faillite et du renoncement d’un père alors que la culture des jeux vidéo s’impose dans les années 80.
Sarah B. Hrdy | Le Temps des pères. Une histoire naturelle des hommes et des bébés, trad. de Pierre Madelin, La Découverte, collection « Sciences sociales du vivant », 452 p., 26 €. Emmanuelle Berthiaud et Isaure Boitel (dir.) | Être père. Une histoire plurielle de la paternité (XVe-XXe siècle), Presses universitaires du Septentrion, 340 p., 26 €.
« Le nouveau né », André Gill (1881) © CC0/Paris Musées

Les papas, du Jurassique à nos jours

Contrairement à ce que l’on croit parfois, les hommes sont aussi prédisposés que les femmes à s’occuper des nourrissons. Deux ouvrages d’anthropologie et d’histoire analysent ce sujet peu étudié. Des lectures stimulantes qui vont à contre-courant des idées reçues.
Jacques Leenhardt, Le Brésil illustré. L’héritage postcolonial de Jean-Baptiste Debret
« Les surveillants des plantations punissant les Noirs », dans « Voyage Pittoresque et Historique au Brésil », Jean-Baptiste Debret (1838) © Courtoisie Ruy Souza e Silva

Le voyage des images dans le temps

Une exposition et un livre passionnants consacrés à l’œuvre picturale de Jean-Baptiste Debré au Brésil au début du XIXe siècle, nous font découvrir un monde et son histoire. Ils nous aident surtout à penser l’altérité, la puissance des images qui se réactualisent en permanence et à penser les grands enjeux postcoloniaux.
Pauvre de Katriona O’Sullivan
Fioles d’Héroïne © CC BY 2.0/Karen Neoh/Flickr

Faire mieux !

Comment raconter une enfance pauvre dans l’Irlande des années 80 sans tomber dans le misérabilisme ? Comment confier sa réussite sans flagorner ? Pour Katriona O’Sullivan, c’est une évidence : en écrivant Pauvre
Stéphane Michonneau, Franco. Le Temps et la Légende
Les armées de Franco défilent dans le centre de Madrid (19 mai 1939) © CC0/WikiCommons

Écrire Franco

Avec son Franco, Stéphane Michonneau offre une belle leçon d’histoire-mémoire. Érudit et synthétique, il renouvelle  l’approche biographique du dictateur et propose une instructive plongée du présent vers le passé de l’Espagne.
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Bernardo Carvalho, Les remplaçants.
Vue aérienne d’un incendie près de la forêt nationale de Jacundá, dans l’État de Rondônia (Brésil, 2020) © CC-BY-2.0/Amazônia Real/WikiCommons

Au nom du père, du fils, d’un pays

Les remplaçants nous plonge dans la violente histoire de l’intégration de l’Amazonie durant la dictature militaire au Brésil. En hybridant les genres littéraires, Bernardo Carvalho nous y enjoint de considérer l’horreur de l’histoire avec lucidité.
Kevin Orr Laure
« Jeune femme dans un studio », Edward Hopper (1901) (Détail) © CC0/WikiCommons

Fragments pour Laure

Dans Laure, Kevin Orr invente une forme originale pour dire la mémoire, bouleverser l’ordre artificiel de l’autobiographie, dédramatiser le récit. Un texte étonnant, loin des effets de mode, qui fait prévaloir un certain trouble.
Fatou Diome, Aucune nuit ne sera noire
Fatou Diome (2019) © Patrice Normand/Leextra/Éditions Albin Michel

L’éloge inépuisable

Humanisme, féminisme et laïcité ne sont pas des legs seulement européens. C’est ce que démontre Fatou Diome dans Aucune nuit ne sera noire, bouleversant hommage à son grand-père et réflexion sur les héritages spirituels.
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