Sébastien Omont

Du gazole plein les dents

Dans une société stagnant dans sa précarité, Pipeline, premier roman de Rachel M. Cholz, fait du pétrole la métaphore d'un état du monde actuel. Sa langue nerveuse, fougueuse, donne vie aux contradictions de l'Anthropocène, comme à ses personnages de marginaux siphonnant les réservoirs.

Contre-geste du colonialisme

Après Attaquer la terre et le soleil, deux autres romans de Mathieu Belezi amplifient son exploration critique de l'Algérie coloniale. En particulier, Moi, le glorieux, sidérant monologue crépusculaire d'un colon élevé aux dimensions d'un ogre mythologique.

La Finlande à hauteur d’enfant

Pirkko Saisio est souvent décrite comme l'enfant terrible des lettres finlandaises. Dans Le plus petit dénominateur commun, grâce à une langue rythmée mêlant humour et angoisse, elle fait son autoportrait en fillette rebelle, mais aussi le portrait de la classe populaire dans les années 1950.

Deux révolutionnaires qui passent

Faire un roman entier à partir d'une brève digression de Victor Hugo dans Les Misérables n'est pas une mince affaire. En enquêtant sur les parcours de deux révolutionnaires antagonistes de 1848, Olivier Rolin entremêle histoire littéraire et politique, vérité et fiction. Un roman-vrai qui questionne l'engagement politique et sa dimension profondément romanesque. 

Concentrations de Vincent

Après Cézanne et Berthe Morisot, Mika Biermann poursuit avec Trois femmes dans la vie de Vincent Van Gogh sa série de courts romans sur les peintres de la fin du XIXe siècle. Avec une grande originalité, il dépasse les clichés, trouve des moyens pour parler sans artifices de la peinture et d'un artiste. Son bref récit, très audacieux, parvient à toucher au nu de la création et à la joie de l'art.

Demain les bêtes ?

Entre comique et drame, Aliène, deuxième roman de Phœbe Hadjimarkos Clarke, situe nos incertitudes contemporaines entre le comique et le drame. Dans ce roman faussement campagnard, on trouve une chienne clonée et des extraterrestres pourchassant des chasseurs... et la réussite de la fiction sociale.

Le refus glorieux de toute pureté

Notre chronique « Hypermondes » réunit aujourd'hui trois livres d'où naissent vibrations et associations d'idées qui mettent en alerte le lecteur : Mon travail n'est pas terminé de Thomas Ligotti, Protectorats de Ray Nayler et Cent vingt de Léo Henry.

Grandeur fugace de l’ordinaire

Dans Tombola, Jérémie Gindre fait évoluer sept femmes dans sept lieux touristiques où se marient nature et ringardise, maintenant les sept nouvelles du recueil dans un équilibre subtil entre dérisoire et profondeur.

Utopiales 2023 : les conditions du futur

Sébastien Omont rend compte de la dernière édition des Utopiales, un festival de science-fiction qui se tient chaque année à Nantes. Si, d'une table ronde à l'autre, s'énonce encore un besoin de reconnaissance de la SF comme une littérature à part entière, cette revendication ne s'accompagne plus d'un sentiment d'infériorité. La science-fiction s'exprime désormais haut et fort !